Alain Mougang: « Il y a du potentiel pour les syndics de copropriété au Cameroun »

Monsieur Alain Mougang, directeur de l’Institut de formation aux professions immobilières et président de l’Association des agents immobiliers du Cameroun, fait le tour de la profession de syndic de copropriété qui est à ses balbutiements au Cameroun. Depuis la formation, les débouchés en passant par les émoluments et les risques inhérents, découverte d’une profession fondée par la loi n° 2010/022 du 21 décembre 2010 relative à la copropriété des immeubles.

Monsieur le directeur, l’on sait que le métier de syndic de copropriété n’est pas assez connu du public. Qu’en est-il ?
Je dirais déjà que le métier de syndic n’est pas connu du commun des Camerounais mais pour les professionnels du droit, c’est un métier bien connu parce qu’il a été consacré par la loi de 2010 qui régit la copropriété des immeubles bâtis. Donc, c’est cette loi qui consacre le métier de syndic de copropriété, métier qui est par ailleurs appelé sous d’autres cieux « administration de copropriété ». Il faut dire qu’il y a deux types d’administrateurs : les administrateurs de biens que sont les biens immobiliers tout court, ceux-là gèrent les biens locatifs et les administrateurs  de copropriété qui sont eux des syndics de copropriété.

Comment vous est venue l’idée de créer tout un institut de formation ?

L’Institut de formation aux professions immobilières n’est pas seulement  réservé aux  syndics de copropriété, mais c’est la première filière que nous débuterons cette année. L’année prochaine nous allons passer à la filière « administration des biens » tout court. Avec ces deux filières, les agents immobiliers pourront mieux être formés ici et ce n’est pas tout. Il y a d’autres professions immobilières tels les corps de métiers qui interviennent  dans la maintenance des  immeubles en copropriété. Il y en a d’autres qui se rapportent à la conception, la réalisation, la recherche de financement, la réception, la gestion, l’entretien, l’expertise pour différentes raisons.  Cela peut être l’audit  financier, la levée des fonds pour gérer le patrimoine ou alors à la fin de la restructuration, cela peut aussi être  une relocation. Si le bâtiment est à la fin de sa vie, il est question soit de lui redonner vie, soit de  le démolir. Vous voyez qu’il y a un ensemble de professions immobilières autour du métier de syndic. Dès lors, nous nous sommes rendu compte qu’au Cameroun, aucune  institution de formation ne forme les professionnels de l’immobilier. Aucune filière de nos universités ne forme les professionnels de l’immobilier. C’est ce qui justifie le désordre qui règne dans la profession où n’importe qui se considère comme agent immobilier alors que la dite profession est belle et bien encadrée par la loi de 2001 avec son décret d’application de 2008.

Est-ce qu’il n’y a pas comme un vide, tout de même ?

Il est vrai que certaines activités sont très bien encadrées mais comme la nature a horreur du vide, certaines d’entre elles précédent la loi au Cameroun. Ce qui fait que l’exercice de ces professions par les professionnels n’est pas aisé parce que la loi n’étant pas entrée en vigueur à temps, les gens ont commencé à travailler avec les agents immobiliers de la rue. Or, il faut bien que force revienne à la loi. Pourquoi ? Pour éviter que les gens n’embrassent des professions aussi délicates sans bagage requis. Voilà pourquoi  nous avons cru bon de mettre sur pied cette école. Et l’idée me vient d’où ? Vous savez, de mes multiples casquettes, et en tant que président de l’association des agents immobiliers du Cameroun, j’ai un droit de regard en hauteur sur l’ensemble des professions. J’ai eu à avoir à ma disposition des études sur l’activité immobilière du Cameroun, lesquels résultats m’ont permis de comprendre qu’il y avait un problème de formation. Parmi les problèmes de l’immobilier au Cameroun,  il y a la formation. C’est pourquoi l’immobilier ne décolle pas.

Quelle est la spécificité des contenus de votre formation des syndics de copropriété ?
Ce que nous proposons est différent des formations professionnelles des universités qui ne sont vraiment jamais des formations professionnelles, car après la formation, il faut encore beaucoup d’années de terrain pour être opérationnel. Nous nous voulons former des gens qui vont exercer la profession en un an. Ces connaissances universitaires sur l’immobilier sont générales. Tel est le cas de l’Université Saint Gérôme à Douala et du Master professionnel en gestion du patrimoine de l’Université de Yaoundé II.

Quels sont vos rapports avec les autorités ?

Je pense au Minduh ou encore au Minefop… dont vous avez besoin d’agrément…
En effet, le ministère du Développement Urbain et de l’Habitat (Minduh) est notre ministère de tutelle. En ce moment, nous sommes en train de signer avec eux une tutelle d’encadrement technique pour nos différentes formations. Et avec le Minefop (ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle), nos rapports sont ceux entretenus avec une tutelle académique. Elle nous a délivré un agrément en qualité de formateur. Je dirais que nos rapports sont excellents.

Quels sont les rapports que vous entretenez avec la Sic par exemple, est-ce là un cadre de débouchés pour les diplômés en qualité de syndic qui sortiront de votre institut ?
Ce n’est pas la Société immobilière du Cameroun(Sic) qui va forcément employer nos diplômés. Nous formons des employeurs mais pas des employés. Les gens que nous formons se mettront à leur propre compte. Les syndics formés peuvent créer une personne morale et avec leur carte professionnelle, ils exercent à leur propre compte. Il y a du travail pour les syndics au Cameroun, prenez par exemple Olembé     (Yaoundé), il peut y avoir 2000 immeubles à gérer. Vous ajoutez les immeubles construits à Douala. Tous ces immeubles doivent être gérés par des syndics de copropriété. Les débouchés sont donc là. Et chaque année, il y a en aura comme cela. Et cela n’est que le programme gouvernemental. Pourtant, il y a d’autres immeubles de la Sic ou des privés. En plus, l’exécution des décisions de justice en rapport avec les immeubles implique les syndics.
En plus, étant donné que les formations que nous offrons sont adossées sur des standards internationaux, nos diplômés peuvent donc travailler même au Maroc ou en France. Nous y avons d’ailleurs des partenaires au sein desquels nos étudiants iront effectuer leur stage académique très souvent.

Quels sont les diplômes nécessaires pour accéder à la formation de syndic de copropriété et avec quel diplôme en  sort-on?

La loi exige du syndic un Bac + 3 ou encore un bac+5 ans d’expérience ou encore une expérience de 10 ans tout simplement. Mais nous, nous avons placé la barre à un bac+3. Cette année, nous recevons des personnes avec une bonne base. Au bout d’un an, nous allons délivrer le Certificat d’Aptitude au métier de Syndic de copropriété qui est cosigné par le Minduh et le Minefop.

Que gagne un syndic de copropriété au Cameroun ?
Pour le moment, cela est difficile à dire. Mais en France, par exemple, il gagne en partie fixe plus de 4000 Euros par mois. Supposons au Cameroun, que chaque propriété verse en partie fixe  6000 FCFA comme contribution à la gestion du syndic. S’il a dix immeubles de 20 logements, il peut aller jusqu’à 6 millions de FCFA par mois. Il y a du potentiel, le métier de syndic va nourrir son homme.

Quels sont les risques liés au métier de syndic ?

De fait, la responsabilité du syndic est fixée par la loi. Pour accéder au métier, il faut avant tout présenter une moralité irréprochable. Il faut que le syndic n’ait jamais été condamné pour des faits d’escroquerie, abus de biens sociaux, chèque sans provision, détournement et autre.  

Un exemple de logements gérés par un syndic de copropriété ?
Oui, au niveau du camp Sic Mfandena, il y a des immeubles qui sont gérés par un syndic de copropriété. Il y a même un conseil syndical qui est présidé par un ancien ministre. Mais, le problème est de savoir si le syndic est à la hauteur. La Sic, lors du dernier séminaire que nous avons tenus ensemble, ne nous a pas confortés dans ce sens.

Propos recueillis par Willy Zogo
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