Éditorial N°36

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Par Emilienne N. Soué

Egalité des sexes, encore un effort Messieurs !

Au Cameroun, comme partout ailleurs dans le monde, des politiques se succèdent pour abolir les inégalités entre les femmes et les hommes. La Constitution elle-même proclame solennellement, en son préambule que,  «  l'être humain, sans distinction de race, de religion, de sexe, de croyance, possède des  droits  inaliénables et que tous les hommes sont égaux en droits et en devoirs».

Force est encore de constater que l’on en est encore loin. Comme indéracinables, les inégalités perdurent, et les injustices dont elles sont porteuses. Dans le monde politique, l’on constate depuis les années 1990 que le principe de la parité n’est effectif que quand il est obligatoire. Le Code électoral aidant, les candidatures féminines  ont pu être sécurisées. Mieux, Elections Cameroun a dû rejeter des listes  qui ignoraient le genre ou ne prenaient  pas en compte toutes les  composantes sociologiques (personnes vulnérables, femmes, handicapées, et peuples autochtones) en 2013. La sécurisation des candidatures féminines a porté  31% femmes à l’Assemblée Nationale  et au sein du tout premier Sénat constitué à la suite des élections du 14 avril 2013 et des nominations présidentielles subséquentes, les femmes se sont taillées 20% de représentation; alors même que dans  certains pays occidentaux, les partis politiques préfèrent payer les pénalités plutôt que de respecter la loi lors des scrutins municipaux et législatifs. Etonnant n’est-ce pas ?

 

Dans le monde du travail, qui s’est pourtant largement féminisé, si les écarts salariaux n’existent pratiquement pas dans notre pays, la  cartographie de la représentativité du genre dans les postes de responsabilités de l’administration publique,illustre à suffisance que les fonctions hiérarques sont à 70% occupées par les hommes. Pourtant, les filles autant que les garçons ont eu à faire leurs premières armes dans les universités et les grandes écoles nationales sanctionnées par les mêmes diplômes. La faute aux stéréotypes contre lesquels il faudrait encore lutter ?

Si une catégorie de femmes a pu s’émanciper, d’autres en revanche sont encore aux prises avec les violences conjugales, les mariages précoces, l’analphabétisme, l’excision et j’en passe. Dans la dynamique du terrorisme importé dans notre pays par la secte islamiste boko haram, des jeunes filles sont utilisées comme bombe humaine; ce sont encore elles qui sont les premières victimes des enlèvements et des viols, même massifs, perpétrés par les membres de ladite secte.

Malgré ce tableau sombre, il faut relever que les pouvoirs publics camerounais mettent tout en œuvre pour protéger les femmes dans leurs droits. La Politique Nationale  Genre (PNG) est désormais la boussole pour la promotion et la protection des droits des femmes. Présentée le 30 janvier 2015 par Mme le ministre de la Promotion de la  Femme et de la Famille, la PNG est un document d’orientation et de référence des interventions du Gouvernement dans le domaine de la promotion de l’égalité et de l’équité entre les sexes. ). « Le but de cette vision étant de promouvoir une société équitable et égalitaire entre les hommes et les femmes en vue d’assurer un développement durable »

Sauf qu’il faille clarifier le concept d’égalité de sexes dont les contours demeurent encore flous, même s’il peut être compris comme étant le principe selon lequel, les hommes et les femmes devraient recevoir un traitement égal et ne devraient pas être victimes de discriminations basées sur leur appartenance à l'un ou l'autre sexe. Pour ce faire, il est question de venir à bout des stéréotypes et ces messieurs ont des efforts à fournir sur ce plan-là !

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