Editorial N°40

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Par Emilienne N. Soué

Plus jamais ça !

Le vendredi 21 octobre 2016, très tôt dans la matinée, ce sont  des buses au niveau d’un pont à 68 km de Yaoundé qui ont divisé la Route Nationale 3, communément appelée axe lourd. Un peu plus tard, le déraillement du train intercity reliant la ville de Yaoundé à celle de Douala a endeuillé le Cameroun, provoquant la mort d’environ 80 personnes selon les chiffres officiels et 600 blessés. Les causes de cet accident tragique restent à déterminer, une commission d’enquête sur l’accident ferroviaire survenue le 21 octobre 2016 à Eséka, ayant à sa tête le Premier ministre chef du Gouvernement, Philémon Yang, a été créée par décret présidentiel. Sa mission, déterminer les causes du drame, établir les responsabilités, évaluer la gestion de la catastrophe et l’assistance apportée aux victimes.

Il était donc de bon ton que le président de la République, qui est revenu précipitamment de son voyage dès l’annonce du drame, puisse prendre des mesures fortes, d’abord en tant que chef de l’Etat, président de la République, mais aussi en tant compatriote, pleurant les morts de cette catastrophe qui restera à jamais gravée dans les mémoires. En témoigne l’instauration du lundi 24 octobre comme Journée de Deuil National.

La leçon à tirer sur le drame ferroviaire d’Eséka est que l’on a pu voir une unité nationale, pas forcée ni simulée, celle-là. Quand l’on fait le tour d’horizon des réactions, celles-ci sont consensuelles: les Camerounais, soudés comme un seul homme, pleurent, chacun à sa manière et dans sa chapelle. « Le train de la mort » transportait à son bord toutes les franges de la société camerounaise. Des hommes, des femmes et des enfants, tous unis par la mort et dans la mort, car, la mort, elle, ne fait acception de personne.

Et, dorénavant, le gouvernement camerounais comme l’opposition s’accordent sur ce drame et la douleur qui s’en est suivie. En creux, c’est une union sacrée autour du chef de l’Etat dans sa quête de la vérité et des solutions afin que CELA N’ARRIVE PLUS JAMAIS !

L’urgence de mener sur le front intérieur une « guerre » implacable aux forces maléfiques de Boko Haram ne les distingue pas davantage. La secte terroriste, sans foi ni loi, ne s’est même pas autorisée une trêve pendant que son ennemi le Cameroun est aplati par l’ampleur de la catastrophe d’Eséka. Le Septentrion a, une fois de plus, était, au même moment, le théâtre de deux attentats perpétrés par deux femmes explosives. Heureusement avec un bilan malingre.  Les seules questions qui semblent faire débat dans l’opinion tiennent  au décompte des décédés d’Eséka et à la manipulation de l’information par les réseaux sociaux.

S’agissant du décompte des victimes, l’opinion peut-elle se contenter du chiffre de 80 morts ? Seule la commission d’enquête pourra y apporter de la lumière, elle qui a trente jours pour rendre son rapport au président de la République. S’agissant des réseaux sociaux, quel que soit le remède, ce  serait comme mettre un cautère sur une jambe de bois. Puisque les TIC ont levé le verrou de la censure, avec l’émergence des réseaux sociaux, tels Facebook, Twitter, et autres Whats App qui ont fait naître des vocations de journalistes, écrivains et historiens des temps présents. Et si l’on est à l’heure de l’instantanéité de l’information, - ce qui est une bonne chose en soit -, l’heure est aussi aux effets pervers de cette avancée technologique : ces médias nouveaux ne sont-ils pas le terreau propice pour recruter des esprits faibles afin de les radicaliser ? Ne sont-ils pas des instruments de propagation de la haine, et du mensonge ?

Ces nouveaux médias attirent, il faut le dire,  beaucoup plus les esprits chagrins qui n’ont besoin que de leurs portables androïd pour véhiculer des nouvelles troublantes via Internet.

Par conséquent, le drame d’Eseka et la gestion qui en a été faite par les réseaux sociaux,  convoquent la prise de conscience des pouvoirs publics et la responsabilité des Camerounais sur les dangers des réseaux sociaux et la manipulation inconsidérée de ces médias d’un type nouveau. Car, une seule étincelle véhiculée par eux peut réussir à embraser tout un pays. Avec des conséquences inimaginables. Les webinars et autres accros des réseaux sociaux doivent savoir que l’information est à traiter avec responsabilité, laquelle est sociale pour tous ceux qui collectent et traitent des informations afin de les publier, fussent-ils apprentis journalistes des “médias réseaux sociaux” ! En espérant toutefois que le but fût seulement celui de jouer les journalistes reporters d’images et non des pyromanes.

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