L’Etat de droit à l’épreuve du terrorisme : Les avocats à la recherche de l’équilibre

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Plus de 1200 praticiens se sont réunis à Yaoundé dans le cadre du 31e Congrès de la Conférence Internationale des barreaux de tradition juridique commune. Ces assises de trois jours ont été ouvertes par le représentant personnel du président de la République, le ministre d’Etat Laurent Esso.

«  Pendant trois jours, les avocats ont échangé sur le thème : « L’ETAT DE DROIT FACE AUX NOUVEAUX DEFIS SECURITAIRES, MYTHE OU REALITE ». Venus des quatre coins du monde, les représentants des barreaux ayant le français comme langue de partage ont dû plancher sur plusieurs thématiques articulées autour du thème central. Lequel a donné lieu à de nombreux séminaires et ateliers consacrés aux principaux enjeux actuels auxquels sont confrontés les barreaux membres de la CIB. C’est le rôle de l’avocat comme auxiliaire de justice mais aussi comme défenseurs des droits de l’homme et comme défenseur des libertés publiques qui a été interrogé tout au long de ce Congrès. Les défis posés aux avocats et à leurs droits professionnels par les politiques sécuritaires ont été longuement évoqués et ont permis de prendre conscience de la diversité des expériences et des solutions adoptées.

Me Nico Halle, président de l’Assemblée Générale, qui  était la première personnalité à prononcer son allocution a dû expliquer à l’auditoire l’intérêt du thème pour la corporation des avocats : « L’avocat doit s’assurer que la paix règne dans son pays », a-t-il déclaré. Onze autres allocutions ont été prononcées tour  à tour par des ténors du barreau, les universitaires, les diplomates pour ne citer que ceux-là.  L’histoire de l’organisation a ainsi été revisitée.

Il faut dire que le thème central tombait à point nommé.  Etant donné la résurgence du terrorisme au plan international et la volonté politique des Etats d’en découdre, parfois, en égratignant  un peu les droits de l’homme, et ce pour la bonne cause, à savoir  garantir la sécurité.  Pour prévenir les actes de terrorismes, les Etats peuvent être amenés à restreindre les libertés individuelles (écoutes téléphoniques etc., arrestations arbitraires etc.) ou collectives. Nombre d’Etats ont pris des lois antiterrorismes, à l’instar du Cameroun (une réponse juridique, à côté des réponses politiques (Constitution, Stratégie Nationale).

La question qui se dégage d’entrée de jeu est de savoir jusqu’où l’Etat peur aller dans ces mécanismes de prévention et de protection. « Jusqu’à quelles limites un pays, victime d’actes de terrorisme, fut-il un Etat de Droit, peut-il mettre en œuvre des mécanismes de protection, de représailles et d’éradication du phénomène tout en respectant les principes et les exigences de l’Etat de Droit ? », interroge le Garde des Sceaux dans son allocution d’ouverture. Cette question est d’autant plus grave que le terrorisme, lui, ne s’embarrasse d’aucune règle, d’aucune convention, d’aucun traité, dans la guerre qu’il impose à nos Etats ». Dans le même registre, le bâtonnier camerounais Me Jackson Gnie Kamga estime « qu’il est nécessaire de préserver l’équilibre entre s sécurité d’une part, et respect des libertés fondamentales ».

Pour le ministre d’Etat, ministre de la Justice Laurent Esso, représentant du président de la République, a balisé les travaux de ces assises : « Fidèle à son engagement au sein de la Communauté internationale, pour le respect des droits inaliénables de la personne humaine en toutes circonstances, le Cameroun a choisi l’option de combattre la secte Boko Haram en se conformant aux exigences de l’Etat de droit. Ainsi, bien qu’ayant été amené à faire des lois spéciales pour faire face à une situation elle-même spéciale, le gouvernement a veillé à assurer toutes les personnes mises en cause les garanties d’un procès équitable ». La contribution des Barreaux est alors attendue pour faire évoluer l’état de droit.

Nadine Eyikè

Marius Nguimbous
Marius Nguimbous

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