Editorial N°41

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Par Emilienne N. Soué

Le Cameroun est un et indivisible

Je ne pensais jamais à avoir écrire ces lignes un jour. Mais franchement, mes frères d’expression anglaise commencent à exaspérer. Dieu merci ! pas tous, mais ceux qui sont animés par des esprits de division, car, leur jeu  est clair : ils veulent la destruction de ce pays. « We are marginalized » est  devenue une rhétorique éculée et  balancée à la première occasion.

Prenons le cas des avocats et leurs revendications de clocher. Qu’ils exigent la traduction du traité Ohada, c’est une chose, mais que cela serve de prétexte à d’autres motivations obscures, c’en est une autre. En effet, les manifestations de Bamenda ont pris des allures de revendications politiques: les avocats accusent le régime Biya de vouloir phagocyter la common Law.  En creux, le régime ne veut pas de la culture anglophone et voudrait la diluer au profit de la culture francophone. Et le bilinguisme fièrement prôné que deviendra-t-il ? l’on se demande dans quel intérêt le régime ferait cela ? Les anglophones du Cameroun, circonscrits au Nord-Ouest et au Sud- Ouest s’emploient à se positionner comme des minorités revendiquant des droits spécifiques au même titre que les Bororo, les Pygmées, les Bagyeli et autres, classés dans cette catégorie par les Nations Unies.  “Marginalisés », disent-ils ? Par rapport à qui ? Au reste du Cameroun francophone ?

 

Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest épousent la même configuration administrative que les services centraux sectoriels. Et les manquements observés dans ces deux régions ne sont–ils pas communs aux 8 autres régions camerounaises ? Yaoundé connaît aussi des délestages émanant de la société d‘électricité Eneo. L’on a pu observer récemment les grèves d’un personnel soignant  composite - du point de vue linguistique -, des grandes formations hospitalières de la capitale politique du Cameroun. L’on a également assisté, pour le déplorer, à des drames sociaux tel le cas Koumatéké  à Douala, imputé aux services d’accueil des hôpitaux. On peut citer le problème du déficit d’appareils d’hémodialyse à l’Hôpital Général de Yaoundé, son service de radiothérapie indisponible, ce qui a fait transférer les malades vers les hôpitaux de Douala ou d’Ebolowa. Les cas sont légion. De grâce ! Arrêter de tourner les Camerounais en bourrique. L’eau potable est encore une denrée rare dans plusieurs localités camerounaises, lesquelles ne sont pas seulement des localités où l’anglais est parlé.

D'après l'OMS, il y aurait un médecin pour 10 400 habitants. On remarque aussi une répartition inégale des services médicaux dans le pays, et ce sont les zones enclavées du Grand Nord et de l'Est du pays qui en pâtissent le plus. Le système éducatif comporte trois types d'enseignements : Enseignement de base, Enseignements secondaires et Enseignement supérieur. La particularité du système éducatif est le bilinguisme, en effet, on peut étudier en français et en anglais et obtenir des diplômes équivalents. Dans nos universités, les enseignants dispensent leurs cours dans l’une ou l’autre langue sans tenir compte de l’origine linguistique des apprenants.

S’adosser sur un argument tel la non traduction du corpus juridique  pour agiter le torchon rouge du fédéralisme est une aberration. Une reculade évidente, quand il s’agit de juristes praticiens.

Au Cameroun, malgré les efforts d’aménagement du territoire, nombre de régions sont encore enclavées. Les régions frontalières souffrent plus particulièrement d’un réel isolement avec le reste du pays. Au niveau de Mamfé par exemple, la Cross river sert de voie d’échange naturelle dont l’exploitation permet d’ouvrir la région sur l’espace économique du Nigéria. Au-delà de la question de l’enclavement lui-même, se pose celle des conséquences des dynamiques économiques dans les territoires frontaliers en Afrique centrale en termes d’intégration nationale. Cette question, même si elle paraît politiquement sensible mérite d’être posée.  C’est cela qui devrait inquiéter les anglophones de cette zone et les Camerounais en général et non soulever un quelconque problème anglophone.

Faudrait-t-il désormais parler d’anglophonie, ce néologisme intégrant désormais la liste des dialectes du pays, à côté du Duala, de l’ewodo, du Mendumba et autre bassa. Vous voulez peut-être vous rattacher au grand voisin, le Nigéria, qui jusqu’ici n’a pourtant pas manifesté de velléités irrédentistes du fait de votre communauté linguistique avec eux. Peut-être voulez-vous devenir les citoyens de sa Majesté la reine d’Angleterre. Mais, l’heure n’est plus à la colonisation. Vous voulez poursuivre votre propre destin en tant qu’entité étatique séparée du Cameroun occidental et déconstruire tous les acquis de l’unité nationale ?  

Soyons sérieux! Pourquoi faire d’une revendication, fût elle légitime, un problème anglophone ? C’est de la régression mentale.

«Le Cameroun est un et indivisible». La bataille est ailleurs. C’est ensemble que nous devons combattre Boko haram, relever les défis de la croissance économique pour un Cameroun émergent à l’horizon 2035. De grâce! Ne suivez pas les brisées de ces sécessionnistes antipatriotes.

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