Editorial Le Droit 44

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Par Emilienne N. Soue

Crise anglophone Que faire de plus ?

Il est permis de s’étonner du regard parfois très indulgent porté par certains journalistes, commentateurs politiques ou sociologues  camerounais sur le fait « ambazonien ». Certes la situation n'est pas facile à comprendre même pour les meilleurs analystes et spécialistes, mais il est clair que certains points de vue relèvent davantage d'une bienveillance idéologique que d'une analyse raisonnée. 

Inutile de revenir longuement sur les origines de cette crise dite anglophone qui se renforce et se nourrit du contexte électoral. Particulièrement l’élection présidentielle de 2018 ayant pour enjeu la candidature de Monsieur Paul Biya.

Devait-il se présenter ou pas ? Certains le lui ont vertement déconseillé, tel l’ambassadeur des Etats Unis d’Amerique, au mépris du droit international

Dans son escalade diplomatique, l’ambassadeur Peter Henry Balerin suggérait à Son Excellence Paul Biya de « réfléchir à son héritage et à comment il souhaite que l'on se souvienne de lui dans les livres d'Histoire », comme si cette tape pseudo-amicale à l’épaule du chef de l’Etat ne servait pas de desseins inavoués de l’oncle Sam et son bras séculier envers lequel des présomptions de destabilisation du pays pèsent déjà. Il y a quelques semaines, certains journaux parlaient d’un financement présumé des candidats opposants à la présidentielle par Washington. En plus, le chef de mission diplomatique s’est autorisé d’accuser Yaoundé d’“assassinats ciblés", parlant aussi "des incendies (ainsi que) des pillages de villages", tout en reconnaissant à voix basse les exactions commises par les séparatistes.

Je disai plus haut qu’il y a beaucoup d'indulgence envers le fait ambazonien. Les pays qui soutiennent les sécessionnistes seraient moins tolérants si dans leurs pays, l'une de leurs régions ou l’un de leurs Etats fédérés déclarait unilatéralement son indépendance. La crise en Catalogne en est un exemple patent.

On ne peut donc qu'être profondément surpris par la complaisance d'une partie non négligeable de l'intelligentsia camerounaise qui se nourrit de paroles indulgentes des Occidentaux vis-à-vis de leurs frères qui ont délibérément choisi d'être hors-la-loi.

Depuis le début de ce qui continue d’être appelé crise anglophone, le président de la République a multiplié des mesures d’apaisement. La dernière en date: le Plan  d’assistance humanitaire d’urgence en faveur des populations civiles des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest victimes des violences et autres exactions perpétrées du fait des bandes terroristes se réclamant des mouvements sécessionnistes. Soit une enveloppe de 12, 7 milliards de F CFA pour venir au secours de 75 000 personnes en détresse. La durée du plan est de 18 mois et sera financé par les institutions publiques, les populations, les entreprises, etc... Il sera géré par un comité ad hoc présidé par Paul Atanga Nji, ministre de l'Administration territoriale.

Cette prescription  présidentielle a reçu l’adhésion des forces vives de toutes les régions où la solidarité nationale est mise en œuvre par la collecte des fonds pour les  populations meurtries.

D’ailleurs, dès la semaine du 8 juillet 2018, le gouvernement a commencé à poser des actions concrètes, avec des descentes sur le terrain, afin d’identifier des priorités telles que la reconstruction des écoles, des hôpitaux, et autres édifices détruits par les « terroristes » séparatistes des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

En plus, le gouvernement veille sur l’exemplarité des forces de défense sur le terrain au point que toute exaction  de ces dernières soit sévèrement punie. L’on est donc en droit de suggérer aux leaders sécessionnistes de demander aux populations armées de déposer les armes et de revenir sur la table des négociations.

Toute chose qui aurait permis à l’élargissement légal de tous les prisonniers en vue d'un armistice pour aller vers la paix. Au lieu de l’attaque d’une prison.

Que doit-on faire de plus?

Il est clair que la mise en place d’une décentralisation effective avec l’autonomie financière des régions va accélérer le développement. C’est le plus important !

 

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