Droit International des droits de l'Homme (DIDH)

A la faveur d’un atelier sur les droits de l’homme dans l’entreprise, dit cadre Ruggie, organisé par le Centre des Nations Unies destinés aux médias du Cameroun, une trentaines de journalistes sont allées palper la réalité du terrain sur le chantier du barrage de Lom Pangar.

« J’ai constamment des maux de ventre, des diarrhées, nous mangeons mal », confie un jeune qui requiert l’anonymat. « Nous sommes révoltés par les conditions de vie que nous menons ici », continue t-il. Les autres, un peu en retrait, opinent du chef. «  Je ne suis pas celui qui dois en parler, il y a notre représentant », dit-il en allant vers l’une des pièces des baraques qui sert de  campement aux ouvriers du Projet Lom Pangar. Le jeune homme, âgé d’environ 17 ans, revient bredouille. Visiblement, le représentant ne peut ou ne veut s’exprimer devant les journalistes venus palper du doigt  les conditions de vie des ouvriers de ce grand chantier des projets structurants du Cameroun. Comme le jeune homme, tous les ouvriers abordés tiennent le même langage. Leur Employeur, l’entreprise chinoise China International Water and electric Corporation (CWE)  ne se préoccupent pas de leur bien-être. Pourquoi son mal de ventre persiste, s’il y a un centre de santé ? Il n y a pas de médicaments, confie t-il.
Dans les baraques, c’est un confort à minima. La pièce est désuète. A même le sol, des matelas à l’épaisseur minuscule. L’expression  « à la guerre comme à la guerre » vaut son pesant d’or, ici.
Comparé au campement chinois, en matière de confort, l’on est à des années lumières. D’ailleurs, le terme campement est inapproprié ici. Il s’agit d’édifices en  matériaux solides et durables. Le confort est visible. Pourquoi autant d’écarts dans le traitement des travailleurs ? Le guide d’EDC  explique: « Les Chinois, eux habitent là en permanence, alors que les ouvriers camerounais viennent à Lom Pangar, juste pour travailler et rentrent souvent se reposer chez eux».
En matière de nutrition, le riz, dont la valeur nutritive est riche, est le plat principal des ouvriers chinois. Quand les Camerounais se plaignent, les Chinois se contentent d’un simple bol de riz pour un rendement de douze heures, nous confie-t-on. La notion des droits de l’homme ne trouve aucun écho ici. C’est une question de culture.
Un autre ouvrier, un adulte cette fois-ci, tempère les propos du jeune homme évoqué plus haut. « En matière de nutrition, il n y a pas  à trop se plaindre. La cuisinière fait ce qu’elle peut. Elle est débordée de travail, car elle est seule pour cuisiner pour plus de 500 personnes ». Monsieur Mekulu, c’est son nom, qui travaillait d’abord au Barrage de Memve’ele trouve que les conditions de travail sont meilleures à Lom Pangar. « Là-bas, il n’y avait pas de contrat de travail; la convention collective est pratiquée ici à Lom Pangar, avec des contrats de travail pour tous les ouvriers. Pas même de matelas comme ici, on dormait à même le sol ».
Si comme l’affirme M. Mekulu, il y a certes des problèmes, mais des efforts sont faits pour améliorer la situation, le mérite en revient au maître d’ouvrage, Electric Developement Corporation (EDC) qui intervient efficacement pour répondre aux revendications des ouvriers camerounais, à l’effet de remplir les obligations  du cahier des charges  annexé  au contrat qui lie l’entreprise chinoise et l’Etat du Cameroun.
Pour ce faire, EDC a imposé la subvention alimentaire : l’ouvrier débourse uniquement 200 Fcfa pour son menu journalier qui coûte 1000 Fcfa tandis  qu’EDC et l’entreprise chinoise supportent le reste.
L’on constate également que le respect des normes  de sécurité sur le chantier. L’on déplore très peu ou pas de pertes en vies humaines à l’intérieur du Barrage. Et avec 467 ouviers immatriculés à la CNPS, les principes du cadre Ruggie «Protéger, respecter, réparer » sont tout de même pris en compte ici.

Emilienne N. Soué