Programme National de Gouvernance

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Le Pr. Dieudonné Oyono, Coordonnateur du programme National de Gouvernance explique la place centrale qu’occupe la gouvernance dans les stratégies de développement.

Mission première

«Etablir un partenariat entre l’Etat, le secteur privé et la société civile»

Pourquoi le Cameroun a-t-il élaboré un Programme National de Gouvernance ?

 

Comme vous le savez, depuis une vingtaine d’années, la gouvernance apparaît comme la référence obligée dans l’élaboration des politiques de développement. C’est dans ce contexte que le Cameroun a élaboré un Programme National de Gouvernance, que le président de la République a approuvé le 29 juin 2000. Ce Programme a été révisé le 29 novembre 2005, afin de l’adapter aux évolutions de l’environnement international et aux nouvelles contraintes internes.

Quelles sont ses missions ?

Il n’est pas superflu, pour une compréhension commune, de s’arrêter sur la notion de « gouvernance ». Originellement, ce terme désigne un mouvement de « décentrement » de la prise de décision, avec une multiplication des lieux et d’acteurs impliqués dans cette décision. Il renvoie à la mise en place de nouveaux modes de régulation plus souples, fondés sur des partenariats entre différents acteurs. Ainsi, la mission assignée au Programme National de Gouvernance était essentiellement l’établissement d’un partenariat entre l’Etat, le secteur privé et les organisations de la société civile. En effet, le nouveau contexte international, marqué par le libéralisme économique, assure une nouvelle répartition des rôles dans la société. Le Programme National de Gouvernance traduit cette réalité dans la stratégie de développement du Cameroun.

Et comment se traduit concrètement cette relation de partenariat ?

Il y’a d’abord l’Etat, qui jusqu’à une date récente, était le moteur du développement économique et social. Celui-ci est désormais essentiellement un stratège, un facilitateur et un régulateur de l’activité économique et sociale. Il est désormais en réseau, d’une part avec le secteur privé, dont le rôle se trouve conforté par un environnement international marqué par la globalisation des économies : l’Etat doit donc mettre en place un environnement favorable aux affaires. Il est, d’autre part, en réseau avec les organisations de la société civile dont la mission est lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, afin de corriger les effets pervers du libéralisme sur les couches vulnérables de la population.

Quel est l’impact du Programme National de Gouvernance sur le fonctionnement de l’administration camerounaise, par exemple ?

Nous venons de voir que la mission désormais dévolue à l’Etat est celle d’un stratège, d’un facilitateur et d’un régulateur de l’activité économique et sociale. Or, comme vous le savez, l’administration publique est le bras séculier de l’Etat, car, sa relation directe avec les usagers du service public en fait un axe fondamental de réforme. Voilà pourquoi la simplification des procédures est apparue au moment de l’élaboration du Programme National de Gouvernance comme l’épine dorsale de la réforme administrative. Elle poursuit trois principaux objectifs, à savoir : mieux adapter l’environnement économique et social aux exigences de performance et de compétitivité ; faciliter la mise en œuvre des initiatives dans le secteur de l’économie sociale, et faciliter ainsi la mise en œuvre des stratégies de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ; favoriser la participation des citoyens et de la société civile à la gestion des affaires publiques.

Peut-on aujourd’hui procéder à une évaluation de la réforme administrative ?

A l’actif de cette réforme, l’on peut mentionner, notamment, la rationalisation des structures et procédures administratives. En effet, l’administration camerounaise dispose désormais des plans d’organisation des effectifs des ministères plus cohérents, pour une plus grande célérité dans le traitement des dossiers, une traçabilité des procédures, grâce à l’élaboration des Manuels de Procédures Administratives (MPA) dans tous les départements ministériels, des normes de rendement et d’évaluation des agents publics désormais en vigueur, construites suivant le principe d’évaluation au résultat.

Vous avez affirmé au début de cette interview, que la gouvernance apparaît aujourd’hui comme la référence obligée dans l’élaboration des politiques de développement.

Quelle place occupe-t-elle dans la vision prospective à long terme du Cameroun, à l’horizon 2035 ?

La gouvernance est un des cinq défis que le Cameroun se doit de relever s’il veut atteindre, à l’horizon 2035, le stade de « Pays émergent ». Aussi, le document « Cameroun vision 2035 » s’appesantit-il sur la nécessité de renforcer le partenariat entre l’Etat, le secteur privé et la société civile. De même, la stratégie de développement à moyen terme (2010-2020) place la gouvernance au cœur du dispositif du « Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi » (DSCE).

 

Propos recueillis par Emilienne N. Soué

Marius Nguimbous
Marius Nguimbous

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