Une approche contradictoire de la transmission du patrimoine familial

Héritage ou succession

Par Professeur André EMTCHEU

Département de Psychologie

Université de Yaoundé I

Une approche contradictoire de la transmission du patrimoine familial

Dans le dernier numéro de Droit (du 15 novembre au 15 décembre 2009), nous avons suivi avec beaucoup d’intérêt et de compassion la tragédie de la famille Soppo-Priso, tragédie relative à la transmission de son patrimoine à ses ayants-droit. On peut regretter que ce patriarche avisé, bon gestionnaire et organisé ait laissé après lui une véritable guerre de succession. Ici la psychologie vérifie un de ses paradigmes d’analyse, à savoir que la source du conflit entre les individus est d’origine matérielle surtout quant il s’agit d’argent.

Le Droit romain, reformé par le Droit napoléonien qui inspire le Droit camerounais dispose qu’en cas de décès du Chef de famille, chaque membre de la famille est héritier en ses rangs et grades par rapport au De cujus.En adoptant ce droit dit moderne qui correspond à une forme d’organisation sociale donnée de la famille : la famille Judéo-chrétienne, qui admet un père, une mère et des enfants, la société camerounaise a évacué tout son patrimoine culturel de la succession qui disposait que l’héritage était patri-linéaire pour une raison simple ; la femme était faite pour quitter la concession et se marier dans la concession voisine afin de garantir le processus biologique de l’hybridisme du groupe, sa variabilité génétique et la vigueur de l’espèce.

Dans la tradition africaine ancienne en général, on n’héritait ni d’une maison, ni d’une voiture, ni d’une femme, mais d’une concession dont l’héritier avait la charge entière. Ce dernier devait garantir la prospérité de la concession. Il occupait le tabouret  de son défunt père selon son rang dans les différentes sociétés initiatiques et secrètes. Il portait le nom et le titre de dignité traditionnelle du père si ce dernier en avait un.

En d’autres termes, l’héritier était le totem de la concession. Il est vénéré et respecté par ses frères et sœurs comme le père défunt. Le patrimoine laissé par le père était celui de toute la famille. Il entretenait les enfants et les femmes de la concession comme le faisait son feu père. Malgré les variantes que peuvent prendre les systèmes de l’héritage dans la société traditionnelle africaine et camerounaise, l’héritage est essentiellement totémique et non matériel. Certes, il y a un patrimoine collectif à transmettre. Mais l’héritier ne représente que le totem. Dans le droit occidental, on transmet des biens meubles et immeubles, c'est-à-dire matériels.

Dans le droit traditionnel, on transmet des responsabilités;  c’est à ce titre qu’il n’ya pas de partage, puisque la concession transmise est indivisible, collective et commune.

De nos jours, la cohabitation de ces deux conceptions de l’héritage évolue en parallèle et ont des influences réciproques.

Dans plusieurs familles camerounaises, l’héritage moderne chevauche souvent l’héritage traditionnel. On nomme un totem du père de famille défunt, qu’est l’héritier mais aussi on effectue un partage du patrimoine laissé par ce dernier.

Dans le cas des familles monogamiques, le problème peut être simple. Mais lorsqu’il s’agit des familles polygamiques, le problème devient très complexe, à l’instar des successions tapageuses et destructrices de l’unité familiale et de la concession collective que nous observons impuissants.

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