La protection sociale au Cameroun

Elargir la protection sociale aux travailleurs du secteur informel ; c’est le casse-tête chinois que les autorités camerounaises tentent de solutionner.

Faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035, c’est le slogan qui accompagne toutes les actions du gouvernement du renouveau. Ce dernier a d’ailleurs consigné ses bonnes intentions dans un « Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi » considéré comme cadre de référence de l’action gouvernementale pour la période 2010-2020.

L’un des objectifs fixé est d’assurer le plein développement humain, à travers ente autres, la protection sociale. Le constat est alarmant, la protection sociale au Cameroun est l’une des plus lentes et des plus hésitantes du continent. Les textes législatifs qui la régissent sont anciens et figés. La couverture sociale n’est réservée qu’aux seuls salariés immatriculés à la CNPS. Autrement dit, il faut payer pour être protégé. Encore faut-il que l’employeur veuille bien déclarer ses employés. Exclue alors la possibilité de s’assurer volontairement. Certes la loi N°90-063 du 19 décembre 1990 instituant un régime d’assurances de pensions, d’invalidité et de décès offre à son article 3 « la faculté de s’assurer volontairement » aux personnes qui ne sont pas soumis au Code de Travail, cette ouverture reste stérile faute de décret d’application. Pourtant c’est grâce à ces couches sociales dites du secteur informel que  survit l’économie du Cameroun. Ce secteur a donc urgemment besoin d’être assuré pour garantir non seulement sa saine expansion mais aussi sa formalisation dans l’optique d’en faire un maillon efficace de l’économie, si l’on veut véritablement atteindre les objectifs du Document Stratégique pour la Croissance de l’Emploi.

Pour ce faire, il nous est annoncé des réformes. Déjà depuis 2002 un Programme Intégré d’Appui Au Secteur Informel (PIAASI) a pour mission de faire basculer l’informel dans le formel. De même qu’un comité de réflexion sur la modernisation de la sécurité sociale au Cameroun est à pied d’œuvre depuis novembre 2008. Le défi est grand : « consolider les acquis et élargir le champ de la sécurité sociale » à toutes les couches de la société. Voilà une véritable ambition pour le Cameroun des grandes ambitions. Encore que « impossible n’est pas camerounais ». Ce projet fait rêver, nous nous imaginons déjà en train de recevoir des soins quasi gratuits dans les hôpitaux, ou bien les bayam salam du marché Mokolo pourront songer à une fin de carrière nantie d’une pension retraite… « Quelle image ? » dira quelqu’un, sauf que toutes ces réformes restent conditionnées par la cotisation des pensionnaires.  L’idée d’assurer toutes les couches de la société est donc absurde.

La clé de la véritable révolution de la protection sociale au Cameroun reste une question de volonté politique. Aux Etats Unis, le président OBAMA a réussi contre vents et marrées à faire adopter sa réforme sur la santé. Dont le maître mot est de prélever chez les riches pour soigner les pauvres. Le Gabon, notre voisin le plus proche est en train d’initier une assurance maladie universelle en prélevant 10F cfa dans chaque minute d’appel téléphonique.  Les pays développés comme la France en font autant avec d’autres prélèvement sur les billets d’avion, et bien d’autres services. Le destin de la protection sociale au Cameroun reste tributaire de la volonté politique, qui seule tire profit de la situation actuelle et qui seule, si elle veut atteindre ses objectifs de développement, doit prendre des mesures efficaces pour garantir une couverture sociale à tous les Camerounais.

Achille Magloire NGAH

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