LE DEBAT: Elections américaines 2012

Les deux candidats à la présidentielle américaine du 6 novembre ont croisé le verbe au cours du premier des trois débats télévisés qui vont émailler la campagne. Derrière la lutte d'image, souvent déterminante lors des débats télévisés, les deux candidats à la Maison-Blanche ont eu des échanges très argumentés sur la situation économique des Etats-Unis. Au cœur du débat : le marasme économique et la question fiscale, la réforme de la santé, le tout sur fonds de «storytelling».

Dans un silence imposé par le journaliste Jim Lehrer, modérateur de ces grand rendez-vous depuis 1988, le débat opposant le candidat démocrate Barack Obama au candidat républicain Mitt Romney commence à 2 heures (heure du Cameroun), dans les locaux de l’université de Denver dans l’Etat du Colorado. Le tirage au sort, détermine le candidat démocrate à être celui à qui échoit l’honneur d’ouvrir les débats sur le premier segment relatif à l’économie, donc l’emploi. Mais avant de rentrer dans le vif de la question qui leur a été posée, savoir quelles seraient les différences essentielles entre chacun d’entre les deux candidats concernant la façon dont il procédera pour relancer l’emploi, Barack Obama a entamé le débat sur un ton badin : «Il y a plusieurs points que je voudrai aborder ce soir,  mais le point le plus important , je tiens à souligner d’emblée , c’est qu’il y a 20 ans, Michelle Obama a fait de moi l’homme le plus heureux car elle a décidé de m’épouser, je tiens simplement à lui dire , «  écoute mon amour », c’est notre anniversaire de mariage et que dans 1 ans, nous ne le fêterons pas devant 40 millions de téléspectateurs », et c’est sur le même ton que Mitt Romney a plaisanté sur le côté romantique d’une telle soirée. «Félicitation pour votre anniversaire de mariage, M. Le président, c’est l’endroit le  plus romantique qu’on puisse imaginer, c’est ma faute, félicitation» a-t-il rétorqué. Réaction qui augurait déjà du côté pugnace du candidat républicain.

RACONTER UNE HISTOIRE

« J’étais en Ohio, une femme m’a attrapé le bras en disant je suis au chômage depuis le mois de mai est-ce que vous pouvez m’aider ? » a raconté le républicain après son escalade ironique sur l’anniversaire de mariage du président.

Il faut dire que ce n’était point pour créer une digression que les deux candidats ont utilisé la relation des histoires personnelles dans le débat. Ils ont puisé dans le storytelling, cette approche narrative  devenue tendance dans les années 1980 sous la présidence de Ronald Regan, lorsque les stories (histoires) en vinrent à se substituer aux arguments raisonnés et aux statistiques dans les discours officiels. Selon un professeur de journalisme de l’université de Columbia, « la clé du leadership américain est dans une grande mesure, le storytelling ». Et M. James Carville, l’un des artisans de la victoire de William Clinton en 1992, déclara à ce propos : « Je pense que nous pourrions élire n’importe quel acteur de Hollywood, à condition qu’il ait une histoire à raconter ; une histoire qui dise aux gens ce que le pays est et comment il le voit ». Les deux hommes n’en ont pas fait l’économie, à l’instar de l’histoire de Joe le plombier lors du 3eme débat Obama_Mc Cain en 2008. L'entrepreneur de 34 ans, érigé par John McCain en symbole du petit entrepreneur menacé en cas de présidence démocrate, dont le nom a été cité plus de 20 fois par les deux candidats lors du débat.

CONVAINCRE SUR LE PROGRAMME ÉCONOMIQUE

Toutefois, le story telling n’a pas occulté ni la vision de deux amériques qui allaient se battre ni le clivage partisan beaucoup plus important qu’il y a 4 ans. Les deux candidats à la présidentielle américaine du 6 novembre ont comparé leurs programmes respectifs en matière de politique intérieure et d'économie lors de la première des trois passes d'armes prévues entre eux.

Le président  Obama était là pour convaincre une partie de l’Amérique déçue de lui, qu’il était le meilleur. Sa stratégie, demander 4 ans de plus. Ces quatre années  étant  nécessaires pour rétablir l’Amérique. Tandis que son rival, Mitt était là pour dire, que Barack Obama n’a rien fait pendant ces quatre années, Il faut un véritable changement pour que la stabilité  économique s’installe aux USA.

Lors de ce premier débat, il a été clair que deux sociétés s’affrontaient au travers de deux hommes. Pendant une heure et demie, les deux opposants ont croisé le fer sur les projets économiques, la fiscalité, l’assurance maladie qui a donné lieu  à un vif accrochage quand Romney a repété sa volonté d’abroger la réforme promulguée en 2010 par le président démocrate.

Plus qu'à un pugilat, les deux rivaux se sont livrés à une guerre d'usure, chacun citant force faits et chiffres pour étayer sa position. « L'ironie, c'est que nous avons vu ce modèle fonctionner vraiment bien au Massachusetts", alors que Romney était gouverneur de cet Etat», a rétorqué Obama. Romney, en réponse, a accusé Obama d'avoir imposé une réforme exclusivement avec le soutien de son parti démocrate, alors que lui, avait travaillé en coopération avec son opposition.

En ce qui concerne la question de la régulation financière, les deux hommes ont également démontré leurs divergences idéologiques: «l'économie américaine a souffert d'un excès de régulation sous la présidence d'Obama», a dénoncé Romney. «Pour certaines lois adoptées pendant le mandat du président, nous avons vu la régulation être excessive et l'économie en a souffert», a jugé Romney, tout en reconnaissant que «la régulation est essentielle. Toute économie a de bonnes régulations. Mais elles peuvent aussi devenir excessives », a-t-il ajouté

Qui a gagné le débat Obama-Romney? D'après un sondage CNN, c'est le candidat républicain qui tire son épingle du jeu, avec 67% d'opinion favorable, contre 25% pour le président sortant, sur la défensive alors que son adversaire s'est montré incisif.

Le candidat républicain, en perte de vitesse ces dernières semaines, était celui qui avait le plus à gagner du premier débat avec Barack Obama. Mission réussie à en croire la presse américaine, unanime: «énergique», «combatif», Mitt Romney a marqué des points face à un Barack Obama, «distant», «terne».

«Les présidents en poste ont tendance à ne pas briller dans les débats de campagne, rappelle dans le Los Angeles Times l'éditorialiste Doyle McManus. Cette fois-ci n’a pas fait exception.» Car Obama s'est montré inhabituellement détaché. «Comme s'il avait préféré être ailleurs», note Chris Cillizza dans son blog sur le Washington Post. Or «Obama le terne n'est pas le leader pour lequel les gens ont envie de voter».

Mais une chose est sûre, le candidat président n’a pas dit son dernier mot, lui qui a promis à ses supporteurs par mail, à quelques minutes du débat, de se battre pour imposer la réforme de la santé. La  prochaine joute télévisée sera déterminante.

Sources Itélé & Synthèse Emilienne N. Soué

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