Editorial N° 22

Georges Daniel Lembe

Exception Camerounaise

Avant son terme, l’année 2013 peut déjà se targuer d’être reconnue comme un moment fort de l’histoire tout court au Cameroun, d’autant plus que les faits et les événements se succèdent à une vitesse supersonique. Le pays bouge et le monde avec, dans un sens qui demeure jusque-là inconnu. Sera-ce le bon sens ou le moins bon ? On ne pourrait l’appréhender que bien tard.
Sans crier gare, le président Paul Biya a jeté les Camerounais dans la nouvelle année avec une annonce forte, très forte même, les élections sénatoriales après plus de 15 ans d’attente. Puis, on est passé sans vraie transition à la matérialisation de cette annonce, c’est-à-dire la convocation du collège électoral composé de conseillers municipaux. Le 14 avril a été retenu comme date de l’événement. Le front de l’opposition et quelques éléments de la Société civile ont chialé sur la légitimité de ce collège électoral, qui ne doit son statut qu’à la décision présidentielle de proroger le mandat des conseillers municipaux.  Au finish, qu’on le veuille ou pas, le Cameroun tient son Sénat et la première cuvée est en place. Vieillotte, misogyne, destinée à l’inaction, mais au moins elle représente notre diversité. C’est notre Sénat, un point c’est tout.

L’autre annonce qui prend de plus en plus corps, c’est évidemment l’organisation quasi-effective de la commémoration du cinquantenaire de la réunification prévue cette année même à Buea, dixit le président de la République. Malgré l’opacité caractérielle des actions officielles au Cameroun, on perçoit tout de même un remue-ménage indicateur de l’imminence de la célébration. D’ores et déjà Foulassi dans le Sud et Foumban  à l’Ouest ont eu droit à leur part de cinquantenaire avec chacun son lot d’émotion. Fallait-il le faire ? Etait-ce si important de repartir à Foulassi pour nous rappeler que le Cameroun uni continue d’avoir deux versions opposées de son hymne national ? Etait-ce urgent de faire une introspection collective pour se souvenir que la réunification s’est dénouée en 1961 dans une ville de Foumban, jadis havre de paix, mais aujourd’hui antre de la discorde de ses fils et filles ?
Entre ces deux mouvements bien orchestrés par le métronome de la politique chez nous, la nature humaine et ses horreurs se sont invitées à la belle orchestration présidentielle. Une famille française, les Moulin-Fournier, est allée à Dabanga après Waza pour une villégiature qui a mal tourné. Des voyous coupeurs de route ont enlevé les sept français qui ont été transportés au Nigéria voisin pour être enfin livrés à la nébuleuse secte Boko Haram moyennant rétribution. Le mauvais coût du sort a finalement été une très belle histoire pour les uns et les autres. Les otages libérés sont devenus des personnalités qui se font recevoir par les chefs d’état aussi bien en France qu’au Cameroun. Boko Haram a semble-t-il, pu se faire de l’argent et de la publicité sur le dos de ces sept français capturés chez nous. Le président Camerounais est bien heureux d’avoir rendu service à un président Hollande mal en point chez lui après une année de mandat sous le signe de l’insuccès. Pourtant et nul ne l’a oublié, le numéro un français n’a eu de cesse de bouder l’homme d’Etoudi.
Belle année 2013, où la presse joue sa liberté le 3 mai en parlant sans crainte mais avec peu de responsabilité. L’organe régulateur longtemps exigé, une fois mis en place, est déjà voué aux gémonies par les journalistes syndicalistes internes et externes au CNC, au profit d’un tribunal des pairs dont l’unique écueil de création c’est encore les journalistes eux-mêmes. Vraisemblablement, la pilule des premières décisions du Conseil National de la Communication est amère dans un corps de métier où chacun est habitué à ne faire que ce s’il qu’il veut. Pourtant il faut bien s’y faire, le CNC est bienvenu et l’autorégulation est elle aussi nécessaire. Les deux peuvent bien aller de pair.
Pour terminer, la France, notre chère … patrie amie a fait fort en votant pour le déjà  célèbre mariage pour tous. En langage facile, il s’agit simplement de légaliser des unions contre-nature jusque-là interdites. Sachant que notre culture se regarde au miroir de la culture occidentalo-française, on peut d’ores et déjà prévoir que cette « chose-là » est en route pour les tropiques bien de chez nous. Les cris d’appel de tolérance à son endroit gagnent de plus en plus les chaumières et quelques cœurs à coup d’arguments financiers massues. Allons-nous résister à cette nouvelle guerre de conquête d’un autre genre menée par les conquistadores du Nord, avec et c’est souvent le cas, le soutien de représentants des victimes ? Eh bien, nous devons absolument résister, nous devons user de tous les moyens pour que cela reste et demeure l’exception africaine, l’exception camerounaise

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