Pionnier du bicamérisme
Alexis de Tocqueville, qui devint célèbre à 30 ans a partagé la vie des indiens et dénoncé, au péril de sa vie, toutes les atteintes à la liberté humaine. Alexis-Henri-Charles Clérel, vicomte de Tocqueville, généralement appelé par convenance Alexis de Tocqueville, nait à Paris le 29 juillet 1805 et mort à Cannes le 16 avril 1859, est un philosophe politique, homme politique, historien, précurseur de la sociologie et écrivain français. Il est célèbre pour ses analyses de la Révolution française, de la démocratie américaine et de l'évolution des démocraties occidentales en général. Bachelier en 1823, licencié en droit en 1826, assistant assidument aux conférences de François Guizot de 1828 à 1830, Alexis de Tocqueville est nommé juge auditeur en 1827 au tribunal de Versailles, où il rencontre Gustave de Beaumont, substitut, qui collaborera à plusieurs de ses ouvrages. Après avoir prêté à contrecœur serment au nouveau régime, tous deux sont envoyés aux États-Unis (en 1831) pour y étudier le système pénitentiaire américain, d'où ils reviennent avec Du système pénitentiaire aux États-Unis et de son application (1832). Tocqueville s'inscrit ensuite comme avocat. Il rencontre le procureur général de l'État de Louisiane, Étienne Mazureau, qui lui fournit un grand nombre d'informations sur le plan juridique, mais également sociologique, démographique et linguistique. Alexis de Tocqueville publiera en 1835 le premier tome De la démocratie en Amérique (le second en 1840), œuvre fondatrice de sa pensée politique. En 1835, il est reçu en Angleterre par son ami John Stuart Mill, et publie son essai L'État social et politique de la France avant et depuis 1789 qui formera ses grandes bases de réflexions sur l'Ancien Régime et la Révolution. Grâce à son succès, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur (1837) et est élu à l'Académie des sciences morales et politiques (1838), puis à l'Académie française (1841).
À la même époque, il entame une carrière politique, en devenant en 1839 député de la Manche (Valognes), siège qu'il conserve jusqu'en 1851. Il défendra au Parlement ses positions anti-esclavagiste et libre-échangiste, et s'interrogera sur la colonisation, en particulier en Algérie. Il fit en outre partie de la Société d'Économie Charitable, réunion de députés catholiques sociaux, pour la plupart légitimistes.
Il est membre de la Commission chargée de la rédaction de la Constitution française de 1848. Il y défend surtout les institutions libérales, le bicamérisme, l'élection du président de la République au suffrage universel, et la décentralisation. Il est élu en 1849 à l'Assemblée législative, dont il devient vice-président.
Tocqueville défend la liberté individuelle et l'égalité en politique. Exprimant parfois des réserves sur l'évolution possible de la démocratie vers une dictature de la majorité au nom de l'égalité, et rejetant nettement à ce titre toute orientation socialiste, il est l'une des plus grandes références de la philosophie politique libérale.
Théoricien du colonialisme, légitimant l'expansion française en Afrique du Nord (1841-1846), il fustige néanmoins les violences des armées françaises en Afrique, s'oppose à l'application du régime militaire en Algérie (1848), et défend parmi les premiers l'abolition de l'esclavage dans les colonies (1839).
Enfin, il est partisan d'une réforme des prisons, qu'il défendra dans le livre sur le système pénitentiaire, et écrit avec De Beaumont, qui suit son voyage en Amérique. Il sera l'auteur de plusieurs rapports et projets de loi. Il préconise le principe du panoptisme (décrit par Michel Foucault dans Surveiller et punir) pour réformer les prisons françaises, basé sur l'isolement cellulaire individuel (prison de Cherry-Hill à Philadelphie).