Par Emilienne N. Soué
Politique pénale : Et si la prison n’était pas toujours la solution?
De tout temps, la prison a eu pour vocation de punir délinquants et criminels, et d’en protéger la société et, en théorie, de conduire les coupables à s’amender. L'incarcération est ainsi devenue, au Cameroun, l'unique réponse pénale, ou presque, pour tous les délinquants. Les mutations induites par les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), couplées avec la mobilité des individus, ont drainé avec elles de nouveaux délits et crimes à l’instar du terrorisme. Au Cameroun, le phénomène du djihadisme transnational a amené les pouvoirs publics à pousser la politique répressive aussi loin que possible : la loi antiterrorisme seule a accru la sévérité de la politique pénale, jusqu’à la sentence de la peine de mort: “La promulgation de la loi antiterrorisme était une ardente nécessité dans un pays victime d’attaques terroristes dont le nombre, l’intensité et l’ampleur vont croissants”, confiait alors le professeur James Mouangue Kobila,vice-président du Cndhl, dans une interview accordée au journal le Droit, dans édition de janvier-Février 2015. Une loi qui, si elle était appliquée en l’état, remplirait les prisons camerounaises de membres de la secte Boko haram. Le Cameroun étant donc en proie au problème de surpopulation carcérale, dans des conditions souvent lamentables. Celle-ci est plus nombreuse que jamais (4500 personnes incarcérées, pour 1500 places dans la prison de Kondengui par exemples). Pis, le risque de récidive est nettement plus élevé chez les petits délinquants, exposés à des séjours fréquents derrière les barreaux. Les récidivistes sont plutôt les condamnés pour les délits les moins graves. Enfin, la prison coûte beaucoup plus cher à l’Etat que les peines alternatives.