Le 29 janvier 2015, au lendemain de la cérémonie de dédicace à Yaoundé, nous avons rencontré celui qui a présenté une note de lecture circonstanciée de l’ouvrage « L’Ohada au service de l’économie et de l’entreprise ». Le professeur émérite de l’Université d’Aix-Marseille, Gérard Blanc, dans un salon de l’hôtel où il est descendu, en toute simplicité et en bras de chemise, a accepté de répondre à nos questions sans complaisance. Il revient notamment sur les questions de lien entre l’Ohada et le développement ainsi que sur la perception du Droit Ohada en France.
Monsieur le professeur Gérard Blanc, vous êtes au Cameroun à la faveur de la présentation d’un ouvrage rédigé à la suite de la célébration 20 années après de la mise sur pied de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (Ohada). Quel bilan dressez-vous de ce mouvement d’intégration juridique ?
L’Ohada a réalisé en moins de 20 ans une production normative qui unifie le droit sur l’ensemble des 17 pays membres et dont on ne peut que se féliciter. Mais, il faut dire qu’il était nécessaire que les pays membres unifient leurs Droits même s’ils sont différents, certains sont très modestes pas en termes économique forcement mais en termes géographiques. Cela était d’autant plus important car, ce sont souvent les mêmes investisseurs qui prospectent au Togo, au Gabon. Il n’était pas bon pour eux de rencontrer souvent un droit qui soit totalement différent. De ce point de vue, l’Ohada était une aubaine. Cela é été facile de procéder à cette harmonisation autant les pays membres sont d’anciennes colonies françaises qui ont hérité du système juridique de la France. De même, les maîtres- d’œuvre de l’unification du droit de l’Ohada ayant été formés à la même école, c'est-à-dire l’école française. Moi, je dirais que le bilan de l’Ohada plus de 20 ans plus tard est positif. En tout cas du point de vue de la production normative. Mais, la question qui reste posée pour les spécialistes, c’est la mise en œuvre de ce Droit par les juridictions et tous les acteurs. Parce qu’il est évident que modifiées du jour au lendemain par ce corpus juridique important, les habitudes des uns et des autres ne vont pas sans doute aller sans être bousculées. La mise en œuvre reste sans doute la question la plus importante à laquelle vont être confrontés les pays de cette organisation.