Dr. Chimère Diaw : « Tous les objectifs ont été atteints »

Le directeur général du Réseau Africain de Forêts modèles (RAFM) dresse un bilan de la première Conférence Africaine des Forêts Modèles tenue à Yaoundé, au Cameroun.

Qu’est-ce qu’une Forêt Modèle ?

Une Forêt Modèle, c’est à la fois un espace, une approche, un processus qui est basé sur l’idée que tous les acteurs sur un territoire se mettent ensemble et développent une vision commune du territoire et de l’avenir. Ce sont des exercices qui prennent une certaine technique, mais ce n’est pas si compliqué. Et à l’issue de cela, ils ajustent un engagement pour la durabilité et ils établissent des organes de gouvernance : un programme stratégique, un programme de travail, puis ils développent une démarche d’adhésion au Réseau Africain de Forêts modèles (RAFM). Pour résumer, une Forêt Modèle ce n’est pas seulement une forêt. C’est un espace très large où on trouve aussi bien les forêts, l’agriculture, la pêche, l’élevage, les mines, les cours d’eau, les côtes ; il ya aussi les villes, les campagnes, des hostelleries urbaines. Donc, une Forêt Modèle, c’est un territoire qui vient de l’approche éco-systémique.

Le RAFM est-il indépendant du Réseau International de Forêts Modèles (RIFM) ?

Le RAFM est un prolongement du RIFM. Parce qu’au début, il n’y avait pas de réseaux régionaux. Après vingt ans de développement, on a trouvé qu’il fallait créer des réseaux régionaux qui allaient assumer les rôles du Secrétariat du Réseau International dans les régions. Notre notion de « région » est flexible. Bien sûr, on a le Réseau Africain de Forêts Modèles qui pour le moment a su se développer au Cameroun, dans le bassin du Congo. Pendant la conférence (Conférence Africaine des Forêts Modèles [ndlr]), nous avons eu l’adhésion du Maroc et de l’Algérie qui sont en même temps membres du Réseau Méditerranéen qui est dirigé par l’Espagne ; il y a le Réseau Canadien qui est basé à Ottawa ; le Réseau Ibéro-Américain qui est basé à Turrialba au Costa Rica ; le Réseau des territoires de la Mer Baltique qui est basé en Pologne, mais qui est dirigé par la Suède depuis le début ; le Réseau Asie qui est basé à Beijing en Chine. C’est un peu cela les réseaux, ce sont des émanations du Réseau International, mais chaque réseau jouit de sa pleine autonomie. Sur le plan de la conception, de l’éthique, de la responsabilité, du mandat, ils se rapportent au RIFM, mais du point de vue décisionnel et de prise d’initiatives, ces réseaux sont autonomes, parce qu’ils doivent refléter les priorités d’une région.

En dehors de l’Algérie et du Maroc qui ont adhéré au Réseau Africain, quels sont les autres pays membres du RAFM ?

Pour l’instant, il y a le Cameroun, la République Démocratique du Congo, le Rwanda, la République Centrafricaine. La République du Congo nous a invités, par le biais du ministre de l’Economie Forestière, à y installer une Forêt Modèle. Et il y a des demandes d’autres pays, notamment le Sénégal, la Sierra Léone, le Ghana, le Nigéria, le Burundi. Donc, potentiellement c’est toute l’Afrique.

La période du 12 au 15 mars 2013 a marqué la première Conférence Africaine des Forêts modèles, quelles sont vos impressions au terme de cet événement ?

Tous les objectifs ont été atteints. Il y avait une énergie et une atmosphère assez particulières. Tout le monde nous a félicités, c'est-à-dire les invités, les officiels, les stagiaires, la sécurité. Il y a eu un grand sentiment de fierté et de réalisation parmi les quelques 500 personnes qui étaient ici. Je pense que cet état d’esprit vient de deux éléments qui sont décisifs : le premier c’était le facteur humain, car c’était la première conférence des Forêts Modèles au cours de laquelle l’on a vu plusieurs acteurs des forêts, notamment les peuples autochtones tels les Bakas et les Bagyélis. Puis il y avait le thème, il n’était pas question de pleurer sur les forêts qui sont abattues tous les jours. Mais on est venu discuter d’une question centrale, c’est comment, en tant qu’Africains, on peut croître, se développer sans détruire notre environnement. C’est la question de l’heure à l’échelle mondiale. Le fondement de ce problème est que le moteur de notre économie, c’est l’énergie fossile, c’est le pétrole. Or, ce dernier est en train de s’épuiser, puisqu’il devient de plus en plus cher, ce qui crée des contraintes très difficiles et particulières. Alors, aujourd’hui, l’on se demande comment on va se développer dans une ère post pétrole ? Peut-être, devons-nous focaliser sur les  énergies renouvelables, le soleil, etc. Il faut que les gens transforment la mangue sauvage, le « djansan », le « moringa », il faut qu’on développe une agriculture écologique qui soit capable de fertiliser en utilisant les champignons. Ce qui nous ramène au thématiques du moment : comment l’Afrique va émerger, gouvernance et changement, innovation et business social vert. le public est venu et il a été touché par la qualité des débats qui ont été de très haut niveau. Et nous avons réalisé qu’on était capable d’organiser un événement d’une telle envergure.

Quelles ont été les résolutions concrètes au terme de cette rencontre ?

Il est est sorti une résolution qui fait l’économie des travaux. Le dernier aspect portait sur la CAFM, c'est-à-dire sur la thématique de l’émergence. Il y a un certain nombre de priorités qui sont sorties et qui impliquent qu’il y ait une attention soutenue à l’investissement dans les affaires, les ressources, les modèles d’entreprises émergeantes dans les espaces comme ceux de Forêts Modèles, mais qu’on retrouve un peu partout et qui sont un peu les ressources de l’avenir, parce qu’il va falloir créer de nouvelles choses. Ce qui se fait déjà dans nos campagnes. Ensuite, on a attiré l’attention des gouvernements pour qu’il y ait une véritable émergence du renforcement. Il faut qu’il y ait une formation, non pas pour apprendre à parler les langues mais pour que les gens puissent répondre aux enjeux de construction et d’innovation qui se posent. On a eu des exposants sur l’énergie éolienne, certains ont exposé sur la domestication des produits forestiers, et d’autres ont parlé de biofertilisants agricoles.

Pour sortir de cet entretien Dr. Chimère Diaw, vous avez tenu votre assemblée générale le 15 mars 2013, quand et dans quel pays aura lieu la prochaine Conférence Africaine des Forêts Modèles ?

On ne peut pas se prononcer sur le pays. On pense utiliser des méthodes encore plus novatrices, dans le genre : B-to-B, mise en contact de producteurs et d’investisseurs directs. Beaucoup de délégués viendront de partout, peut-être un triple « A », c'est-à-dire une conférence qui inclut d’autres régions à part l’Afrique. En principe, c’est dans trois ans, cela nous laisse le temps de bien nous préparer et de faire quelque chose qui en vaille la peine. Il est temps de passer au next level.

Propos recueillis par Clémence Likeng

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