ONU : Nomination d’un nouveau Secrétaire Général

Les deux (02) mandats de l’actuel secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU) prendront fin au terme de cette année. Mais le vote du Conseil de sécurité de l’ONU, survenu un peu plus tôt, a jeté son dévolu sur la personne d’Antonio Guterres.

L’Assemblée générale a rendu publique mercredi dernier, la recommandation du Conseil de sécurité. C’est Antonio Guterres qui succédera à Ban Ki Moon, à la tête du secrétariat permanent de l’ONU. Il remporte cette élection avec 13 voix contre deux abstentions. Il sera le deuxième Européen à la tête dette instance, après l’autrichien Kurt Waldheim dans les années 1970.

C’est un homme de 66 ans doté d’une compétence avérée et d’une forte personnalité. Premier ministre portugais de 1995 à 2002 ; secrétaire général du parti socialiste (PS) de 1992 à 2002 et président de l’Internationale socialiste de 1999 à 2005, deux mandats à la tête du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés entre 2005 et 2015 ; il en a été le réformateur, car il  réduit la bureaucratie à Genève, afin d'augmenter sa capacité d'intervention d'urgence à l'international. Son premier mandat de Premier ministre a favorisé l’intégration du  Portugal à l’Euro, l’Exposition universelle organisée en Lisbonne en 1998 et en 1996, Lisbonne accueille le siège de la nouvelle communauté des pays de langue portugaise. On l’attendra notamment sur les questions sécuritaires, le conflit syrien, la guerre Israélo-palestinienne, le problème épineux des réfugiés qu’il a bien défendu lors de son passage le 12 avril devant l’Assemblée générale de l’ONU. En attendant le début de son mandat prévu le 1 Janvier 2017, le Conseil de sécurité reste convaincu d’avoir le candidat idéal pour les dix prochaines années.

Qui étaient les autres prétendants à ce poste?

L’on notera six candidats au total. Hormis le gagnant, on note une égalité de genre, avec six femmes et cinq autres hommes. Ce sont notamment :

Irina Bokova : diplomate, elle est directrice générale de l’Unesco depuis 2009. Elle est de ce fait la première femme et la première personne d’Europe de l’Est à diriger cette organisation pour l’éducation, la science et la culture. Bulgare de 63 ans, elle a été ministre des Affaires étrangères par intérim de son pays pendant près de trois mois de 1996 à 1997, ambassadrice de la Bulgarie en France et à Monaco, puis auprès de l’Unesco. Polyglotte, elle s’exprime couramment en bulgare, en anglais, en espagnol, en français et en russe.

Helen Clark : directrice du Programme des Nations unies pour le développement depuis 2009, ses 66 ans portent la marque d’une solide expérience au sein de l’ONU, ainsi qu’une longue expérience politique, à la fois en Nouvelle-Zélande et aux Nations unies. Son entrée en politique est remarquée notamment avec sa protestation contre la guerre du Vietnam et son opposition aux tournois de rugby avec une Afrique du Sud sous le régime de l’apartheid. Elle intègre le Parlement de Nouvelle-Zélande en 1981, avant de devenir Première ministre adjointe en 1989.

Natalia Gherman : cette moldave de 47 ans est vice-Première ministre et ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration européenne de Moldavie depuis 2013, mandat qui s’achèvera à la fin de cette année. Négociatrice en chef pour l’Accord d’association entre la Moldavie et l’Union européenne, qui a finalement été signé en 2014, elle a également participé aux négociations qui ont mené à l’assouplissement du régime des visas des Moldaves voyageant dans les pays de l’Union européenne. L’on ne saurait oublier ses différentes affectations en tant qu’ambassadrice dans plusieurs pays comme  l’Autriche, la Suède, la Norvège et la Finlande

Vuk Jeremic : ce serbe de 40 ans a été ministre des Affaires étrangères de 2007 à 2012. Durant son mandat de ministre des Affaires étrangères, il a effectué un lobbying intense contre la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo, voyageant dans plus de trente pays, contrepoids qui n’enchantait guère les leaders occidentaux, notamment les États-Unis. Sa stratégie échoue lorsque la Cour internationale de justice (CIJ) reconnaît la légalité de l’indépendance du Kosovo. Il a également été président de la Fédération serbe de Tennis de 2011 à 2015. Le serbe et l’anglais n’ont aucun secret pour lui parce qu’il s’exprime couramment dans ces deux langues

Srgjan Kerim : ministre des Affaires étrangères de Macédoine de 2000 à 2001, ce sexagénaire a également présidé l’Assemblée générale des Nations unies de 2007 à 2008. Ayant occupé les postes de ministres en ex-Yougoslavie, il devient diplomate lorsque la Macédoine devient indépendante. Il a notamment été ambassadeur de son pays en Allemagne de 1994 à 2000, ainsi qu’en Suisse et au Liechtenstein de 1995 à 2000. On notera également sa carrière en tant qu’homme d’affaires, notamment président du conseil d’administration de Media Print Macedonia depuis 2012. Il s’exprime en anglais, allemand, français et italien.

Igor Luksic : c’est le plus jeune des candidats. Ce monténégrin de 39 ans a été Premier ministre du de 2010 à 2012 ainsi que ministre des Finances en 2004. La Serbie-et-Monténégro ayant obtenu leur indépendance en 2006, il est même promu vice-Premier ministre, avec comme politique économique réformer la fiscalité et à libéraliser le monde des affaires. Bien que le monténégrin est sa langue maternelle, il parle aussi bien l’anglais, le français et l’italien

Vesna Pusic : actuelle présidente du parti populaire croate – Démocrates libéraux, cette femme politique de 63 ans a été ministre des Affaires étrangères et européennes de 2011 à 2016. Son mandat a vu l’intégration de la Croatie au sein de l’Union européenne. Elle a également dû gérer la crise des réfugiés, le pays offrant 5 000 places d’accueil dans un camp. Elle parle couramment croate, anglais et allemand.

Danilo Turk : président de la République de Slovénie de 2007 à 2012, il est connu pour ses positions sur les droits de l’homme et l’égalité. Il est ainsi le fondateur de la Fondation Danilo-Turk, consacrée à la réhabilitation des enfants victimes de conflits armés, cet homme politique de 63 ans a également travaillé avec Amnesty International dans les années 1980. Juriste de formation, il est, de 1992 à 2000, ambassadeur de Slovénie à l’ONU. Il a également été membre du Comité des droits de l’homme, un organe de surveillance de l’ONU.

Miroslav Lajcak : vice-président du gouvernement du social-démocrate Robert Fico, ce slovaque est aussi ministre des Affaires étrangères depuis 2012, ayant à son actif une longue carrière de diplomate, d’abord à Moscou, puis au Japon. En 2001, il devient ambassadeur à Belgrade ; puis Haut représentant international en Bosnie-Herzégovine en 2007, succédant à Christian Schwarz-Schilling.

Susana Malcorra : actuellement ministre des Affaires étrangères du gouvernement argentin de Mauricio Macri, l’actuel secrétaire n’ignore rien d’elle car elle a été la chef de cabinet aux Nations unies entre 2012 et 2015. Elle travaillait déjà au sein de l’ONU avant de rejoindre le cabinet du secrétaire général, où elle était en charge du Programme alimentaire mondial. Elle a notamment géré la première phase des opérations après le tsunami de décembre 2004. Son poste de ministre argentine des Affaires étrangères, lui a permis d’entamer un rapprochement avec les Etats-Unis et les pays européens. Lorsqu’elle quittait l’ONU pour rejoindre le gouvernement Macri, Ban Ki-moon a reconnu son travail au sein de l’ONU au disant d’elle qu’ « elle est très respectée à travers le monde ».

Christina Figueres : les questions de changement climatique ne lui sont pas étrangères car depuis 2010, elle est secrétaire exécutive de la convention cadre de l'ONU sur le changement climatique. A ce titre, elle a notamment mené les négociations l'an dernier à Paris pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. D’ailleurs, c’est le Président du Costa Rica en personne, Luis Guillermo Solis, qui a présenté sa candidature, reconnaissant en elle une femme de « pleine attention et de dévouement envers l'humanité ».

Quelles sont les étapes à suivre ?

Selon l’article 97 de la Charte des Nations Unies, « le Secrétaire général est nommé par l'Assemblée générale sur recommandation du Conseil de sécurité.».  L’on note deux niveaux de décision : le Conseil de sécurité qui recommande, puis l'Assemblée générale prend une décision.

La première étape consiste pour le président du Conseil de sécurité à consulter de façon informelle les autres membres du Conseil et de déterminer une date pour la tenue de la réunion privée pour adopter la recommandation du Conseil. Une fois la date convenue par les membres du Conseil, son président écrit une lettre informant le président de l'Assemblée, qui à son tour informe les États Membres de l'Assemblée générale. Il est aussi courant pour les deux présidents de se rencontrer en personne pour discuter des préparatifs de l'élection.

Suite à l'adoption de la recommandation du Conseil de sécurité, la pratique veut que le président du Conseil écrive une lettre informant le président de l'Assemblée.

La sélection du Secrétaire général est sujette au véto d'un membre permanent du Conseil. La résolution 11 (I) de l'Assemblée générale précise que la recommandation d'un secrétaire général par le Conseil de sécurité est une « décision de fond » et que par conséquent le vote négatif d'un membre permanent peut empêcher l'adoption d'un projet de résolution énonçant une recommandation.

Samuel B. OTT

 

Articles liés

Science E = mc2, c’est fini ?

Moyen –Orient

Nations Unies : fin de rideau

Santé:

Africa

Visitor Counter

Cameroun 70,3% Cameroun
France 7,2% France
États-Unis d'Amérique 4,1% États-Unis d'Amérique
Inconnu 3,5% Inconnu

Total:

116

Pays
03203297
Aujourd'hui: 32
Cette semaine: 64
Ce mois: 946
Mois dernier: 1.143
Total: 3.203.297