Administration pénitentiaire: La réinsertion sociale du détenu

Le prisonnier qui sort de prison et regagne la société est souvent frappé d’ostracisme. Pourtant sa réinsertion sociale est possible et reste affaire de tous. Lire la contribution de M. Brice Tchouo, consultant en Sciences Pénitentiaires.

C’est le processus qui permet de préparer la sortie de prison d’un individu et de l’insérer dans la société. Contrairement à ce que pense l’opinion publique, elle n’est pas la seule affaire de l’Administration Pénitentiaire. Hormis la contribution de la société, les acteurs intervenants sur la chaîne pénale en sont tout aussi concernés ; que ce soit en phase présentencielle ou en postsentencielle.

Ce sont entre autres :

* les OPJ (Police, Gendarmerie). Ils ont l’obligation de protéger le suspect pendant l’arrestation et la phase de l’enquête préliminaire (art. 8 du CPP sur la présomption d'innocence). Pour cela, il ne faut pas qu’une publicité négative de sa personne physique soit faite dans les médias pendant son séjour chez les OPJ. Tout ceci, pour qu’il ne soit pas stigmatisé par son entourage après être libéré (phase postpénale); et cela au cas où il est condamné par les tribunaux. Cette disposition juridique n'existe pas seulement pour la présomption d'innocence du suspect, mais aussi pour un bon début de préparation à sa réinsertion sociale.

* le Magistrat a l’obligation de tenir compte des possibilités de réinsertion sociale du mis en cause avant de le condamner (art. 93 du CP sur le choix de la peine)

* l’Administration Pénitentiaire prend le relai en fin de chaîne. C’est elle qui effectue le volume de travail le plus important. Cela fait d’ailleurs partie de l’une de ses deux missions essentielles: sécurité et réinsertion. Lorsqu’il y’  a échec de réinsertion (récidive), la société lui lance la pierre (Administration Pénitentiaire). Pourtant elle n’est qu’un maillon de la chaine, car tout le monde est concerné.

Nombreux sont les rapports parlementaires ou d’instances nationales et internationales de défense des Droits de l’Homme, mais aussi les témoignages de personnes détenues, des professionnels et autres… qui dénoncent l’état de notre système pénal, la surpopulation des prisons, la persistance de conditions de détention dégradées et de qualité inégale, la faiblesse chronique des dispositifs de réinsertion sociale et professionnelle des détenus.

Sans tomber dans un déterminisme sociologique qui conduirait à excuser le délit par la pauvreté, force est de reconnaître que cette dernière peut créer des conditions favorables à la délinquance. La prison, pour une grande part, n’est en effet que le dernier maillon d’une chaîne qui, d’échecs scolaires en précarités sociales, d’exclusions en discriminations, peut mener peu à peu aux illégalismes et à la délinquance.

Comme le confirment de nombreuses études statistiques menées dans des pays étrangers et au Cameroun, il y a bien une relation étroite entre les indicateurs du marché du travail et ceux de la population carcérale. Précarisation économique, développement de l’insécurité sociale et professionnelle, dislocation du lien social, affaiblissement des politiques sociales contribuent en amont à augmenter le risque de délinquance.

Brice TCHOUO, Cadre, diplômé de l'Ecole Nationale d'Administration Pénitentiaire de France Lauréat de l'Institut International des Droits de l'Homme de Strasbourg-France Consultant en Sciences Pénitentiaires

 

 

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