FORUM

Le développement du palmier à huile au Cameroun

Organisé par le ministère de l’Agriculture et du Développement Rural et WWF, le Forum du 10 mai 2012 dernier  avait pour but de trouver des stratégies pour assurer un développement écologique et humaniste du secteur du palmier à huile au Cameroun..

L’économie verte est visiblement l’option choisie par le Cameroun dans le processus de l’émergence horizon 2035 prônée par le gouvernement du renouveau. C’est du moins ce qu’on peut déduire du forum de presse organisé conjointement par le MINADER et ses partenaires dont le WWF (Fonds mondial pour la nature), l’IRD (l’Institut de recherche pour le développement) et le CIFOR (Centre de recherche forestière internationale) le 10 mai dernier, portant sur le développement du palmier à huile.


Avec un panel indicatif constitué de  David Hoyle – WWF Conservation Director, Dr. Patrice Levang – CIFOR/IRD Agronome, Samuel Nguiffo – CED (Centre pour l’Environnement et le Développement), Ngom Emmanuel  - MINADER, Ingénieur Agronome et Mpouma Leonard Claude – Président de UNEXPLAM (Union des Exploitants du Palmier à Huile du Cameroun), il ressort de leurs différentes interventions un souci commun : développer la culture du palmier à huile en respectant les normes environnementales et l’intérêt des populations villageoises.
De l’avis de M. Ngom Emmanuel, la culture du palmier à huile est une aubaine pour le Cameroun, au regard de la demande mondiale et compte tenu de l’environnement favorable qu’offrent le climat et le sol camerounais. Dans une analyse comparative de cet atout, David Hoyle partage l’expérience indonésienne qui en trente ans a fait passer le palmier à huile du statut de culture secondaire à celui de principale culture d’exportation, au point où ce pays fournit à lui seul aujourd’hui 85% de la production mondiale. Seulement, poursuit M. Hoyle, « un consensus avait pu être trouvé entre le développement du palmier, la préservation de l’environnement et la garantie des intérêts des populations autochtones. » Selon lui, à voir l’agitation des grandes compagnies de l’agro industrie qui souhaitent investir dans ce secteur au Cameroun, « il est urgent de mettre les garde-fous ».
Pour M. Mpouma Leonard Claude – Président d’UNEXPLAM, «le Cameroun possède d’énormes potentialités », mais sous exploitées. Pour preuve, le pays connaît un déficit de plus de 150 000 tonnes du fait de la faible rentabilité des exploitations villageoises. Samuel Nguiffo quant à lui, au nom de la société civile, tire la sonnette d’alarme sur les risques écologiques et sociaux que peut présenter la nouvelle opportunité économique qu’est le palmier à huile. Il soutien justement que la course effrénée pour le gain qui motive l’agro industrie peut entrainer « une grande catastrophe écologique et économique » au Cameroun. Selon lui, « l’Etat doit définir les règles et non se laisser imposer la loi des grandes compagnies ».
En somme et compte tenu des avantages et des inconvénients liés à l’expansion de la culture du palmier à huile, les panélistes ont unanimement conclu que cette denrée constitue une source de richesse pour le Cameroun ; si et seulement si des précautions sont prises par des pouvoirs publics pour assurer un développement durable de cette culture. Ainsi, au rang des propositions, il ressort qu’il est urgent d’encadrer préalablement les exploitations villageoises existantes pour booster leur capacité de rendement et éviter qu’elles soient phagocytées par les grandes compagnies étrangères. Il est aussi indispensable que l’Etat soumette les grandes compagnies industrielles au respect des normes environnementales. Il a aussi été souhaité que l’Etat exige des grandes compagnies étrangères la viabilisation et le soutien de la production villageoise, sans oublier la question domaniale qui doit prendre en compte les droits des populations autochtones. Tout  compte fait, le palmier à huile a le vent en poupe au Cameroun, mais pas n’importe où et encore moins n’importe comment !

Achille Magloire NGAH

 

 

REACTIONS

DAVID HOYLE WWF Conservation Director

«LE SECTEUR DE L’HUILE EST EXTREMEMENT RENTABLE»

L’avènement des grandes compagnies de l’agro industrie est salutaire pour le Cameroun,  car elles peuvent aussi avoir un volet développement, où il leur est demandé d’entretenir des routes, de créer des écoles et des centres de santé. Certes cela relève exclusivement de la compétence des pouvoirs publics, mais ils peuvent se faire aider par le secteur privé aussi. Or le secteur de l’huile de palme est un secteur extrêmement rentable et avec toutes les grosses industries qui sont prêtes à venir investir au Cameroun, on peut leur demander aussi d’avoir tout un volet de développement des plantations villageoises. Quand au dilemme de la priorité à accorder soit le développement d’entreprises locales ou alors privilégier les agro industries, c’est au gouvernement de choisir. Somme toute, les agro industries ne viennent pas emporter les terres du Cameroun, elles viennent investir au Cameroun, c’est au gouvernement de définir les règles du jeu pour assurer un profit durable et bénéfique pour tous.

 

NGOM EMMANUEL MINADER, Ingénieur Agronome

«METTRE EN PLACE DES UNITES D'EXTRACTION MODERNES»

Le gouvernement vient de mettre sur pied un programme de développement des palmerais villageoises qui entend mettre en place quinze mille hectares de plantation auprès des petits producteurs et qui a déjà réussi à viabiliser sept mille sept cent hectares. Le gouvernement a aussi fait des efforts significatifs au niveau de la fertilisation en donnant des engrais aux producteurs et il entend enfin mettre en place des unités d’extractions modernes afin d’améliorer le rendement de l’extraction en huile.  Maintenant quant au souci de la conciliation du développement de la culture du palmier à huile et la préservation de l’environnement, il existe des méthodes indiquées. D’abord, il faut augmenter la productivité par un bon management des plantations qui existent. Ensuite utiliser les espaces en jachère, et enfin fixer les règles du jeu aux compagnies.

Propos recueillis par A. M. N.

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