Cop 21: Les efforts du Cameroun

Bien que moins pollueurs, du fait de la faible industrialisation de leurs économies, les pays du continent  ne sont pas moins concernés par le réchauffement climatique. Quelle sera la contribution des pays du continent, à l’instar du Cameroun, à la Conférence des Nations Unies sur le réchauffement climatique qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015 ?

Le Cameroun entend réduire de 32% ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2035, selon le document de contributions prévues et déterminées au niveau national (CPDN) produit en prélude à la Conférence mondiale sur le climat (COP21) prévue en fin novembre prochain à Paris (France).

Selon ledit document, dressé par le ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement durable et que APA a pu consulter, les actions d’atténuation ainsi prévues sont en cohérence avec les orientations de développement du pays ».

En échange, le Cameroun attend le soutient de la communauté internationale sous forme de financements, de renforcement des capacités et de transfert de technologies».

Ces trois conditions favorisant le développement, il est donc clair que le Cameroun voudrait mettre l’accent sur le secteur industriel qui est la portion congrue de l’économie  jusqu’ici dans un pays doté d’énormes potentialités. Bien que les émissions des gaz à effet de serre (GES) soient à un niveau dont l’impact est encore naturalisable, les autorités prévoient que une stratégie ambitieuse de développement du Cameroun qui «se traduira par une forte hausse des émissions d’ici 2035».

D’autant plus que dans  le cadre des accords de partenariat économique (APE) entre le Cameroun et l’Union Européenne, le Cameroun s’emploie à rendre ses entreprises compétitives. D’où le programme ambitieux de développer l’agro-industrie nécessitant une exploitation forestière intensive, de booster son potentiel énergétique avec la construction des barrages hydro électrique (Lom Pangar, Mekin, lagdo etc.), développer les industries extractives.

Développer et Préserver : un défi à relever

Pour développer son industrie, le Cameroun doit relever le défi de la mise en cohérence de ses politiques de développement économique et de préservation de la nature.

Prenons par exemple du secteur agricole, le Cameroun a besoin de vastes espaces de forets à abattre pour cultiver le café, le cacao, le palmier à huile, des cultures pérennes qui font la part belle, non seulement dans les échanges commerciaux, mais permettent aux agriculteurs de satisfaire à leur besoins. Avec des effets que cela induit. Dans un cadre où la loi forestière n’a pas encore réellement résolu les problèmes de la détention coutumière, des opérateurs économiques, profitant de la pauvreté des communautés villageoises leur proposent des titres de propriété moyennant l’octroi de vastes domaines qu’ils revendent aux exploitants dont l’objectif premier est l’exploitation forestière, parfois non règlementée par l’Etat.

A en croire le rapport du ministère du plan et de l’aménagement du territoire, l’exploitation forestière au Cameroun perturbe ou détruit en moyenne 5 à 10% du couvert végétal. Il importe aussi de relever que l’agriculture itinérante constitue l’un des principaux facteurs de dégradation des forêts dont les pertes annuelles sont estimées, selon la FAO à 200.000. ha.

« En zone de savane, selon le même rapport, plus de 80% des bois prélevés sont utilisés comme bois de chauffage. Dans ces zones, la sécurité énergétique en termes de biomasse, constitue un véritable défi notamment dans les endroits peuplés de l’Ouest et de la partie septentrionale du pays. Au total, sous les effets combinés de l’exploitation et des défrichements agricoles, des pâturages et de la sécheresse, on assiste à une baisse du potentiel ligneux préjudiciable à terme à l’équilibre besoins/ressources et à un recul de la couverture végétale défavorable au climat, au régime des eaux et aux sols ».

Dans ces régions, la plupart des réserves forestières et des périmètres de reboisement sont déjà exploités, ce qui hypothèque non seulement les programmes d’électrification ou du développement de réseaux téléphoniques, mais aussi l’approvisionnement des populations en bois de chauffage et de service. Par ailleurs, ces déboisements ont entraîné l’assèchement progressif des bassins versants, sources d’alimentation en eau potable des localités environnantes (Bafoussam, Bamenda, N’Gaoundéré). En particulier le déboisement en savane humide et sèche, voire en forêt dense autour des grandes villes (Yaoundé, Douala) devient alarmant et va grandissant. D’où la mise sur pied d’un programme national de reboisement en 2006.

Une politique de reboisement pour pallier

Ce souci de reconstituer les forêts a été renforcé par les dispositions de la loi N°96/12 du 05 août 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l'environnement, qui est née dans le sillage de l conférence de rio, le Cameroun prône un développement durable. Un plan de reboisement a été mis en œuvre, qui contribue à atténuer efficacement les effets des gaz à effet de serre et la loi forestière de 1994 dont les principales orientations sont centrées sur l’aménagement forestier et le reboisement.

Les efforts du Cameroun pour réduire les GES

C’est autour d’une stratégie nationale consignée dans un document que le Cameroun se bat pour  réduire l’émission des gaz à effet de serre. Le ministre camerounais de l'Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable, M. Hele Pierre, avait annoncé au cours d'une conférence de presse le 21 janvier 2013 à Yaoundé, la validation de la stratégie du Cameroun en matière de protection de l'environnement. « Le document qui prouve que le Cameroun est apte à réduire les gaz à effet de serre a été validé par le Comité des participants du Forest Carbon Partnership Facility de la Banque mondiale en octobre 2012 à Brazzaville », avait annoncé le ministre. Le document validé, encore appelé en anglais Readiness Preparation Proposal (RPP),  permet au Cameroun d'avoir accès à des financements octroyés dans le cadre du mécanisme de réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation (REDD+). Il avait aussi rappelé qu'il était désormais question pour le Cameroun de développer une stratégie fiable et adaptée au contexte national pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur forestier d'ici 2015.

L’Afrique entière concernée

La situation du Cameroun n’est pas unique en son genre. Plusieurs régions du continent sont soumises aux changements climatiques. C’est le cas du bassin du Congo dont fait partie le Cameroun : la déforestation qui est  à la fois la cause et la conséquence du changement climatique, touche fortement cette zone qui abrite la deuxième plus grande forêt tropicale au monde après l’Amazonie. La déforestation est le résultat de la pression croissante des activités humaines  (exploitation forestière, développement des routes, extension de l’agriculture vivrière et commerciale, extraction du pétrole et du minerai). L’on peut citer également la Région du Nil avec la montée des eaux du Delta, en Egypte, au Nil blanc, au Soudan, en passant par le Nil bleu, en Ethiopie, où des pans entiers de territoires risquent d’être submergés. Une situation qui provoque de vives tensions entre les pays concernés. Autres causes du réchauffement de la terre, les catastrophes naturelles : l’île de Madagascar est fortement exposée aux cyclones tropicaux. Au Togo, le littoral est rongé par l’océan indien et perd 10 mètres environs ; au Grand Bassam, c’est l’érosion qui attaque la côte ivoirienne, quand la bande sahélienne quant à elle fait l’objet de baisses de précipitations. La sécheresse, les risques géologiques et sismiques, l’élévation du niveau marin sont autant de catastrophes naturelles  observées çà et là sur le continent.

Le Cameroun, comme la quasi-totalité des pays africains, a déjà donné sa contribution pour la COP21. Il est concerné à plus d'un titre par le réchauffement climatique, avec la déforestation, la désertification dans le nord, l'érosion des zones côtières, l'urbanisation. D’où un besoin accru des financements pour parvenir à réduire les gaz à effet de serre.

Emilienne N. Soué

Articles liés

Science E = mc2, c’est fini ?

Moyen –Orient

Nations Unies : fin de rideau

Santé:

Africa

Visitor Counter

Cameroun 70,3% Cameroun
France 7,2% France
États-Unis d'Amérique 4,1% États-Unis d'Amérique
Inconnu 3,5% Inconnu

Total:

116

Pays
03203296
Aujourd'hui: 31
Cette semaine: 63
Ce mois: 945
Mois dernier: 1.143
Total: 3.203.296