L’Accord de Partenariat Economique (APE) d’étape ratifié par le Cameroun avec l’Union européenne (UE) en juillet 2014, est entré en vigueur le 5 août 2016. Dans les faits, cette date correspond au démarrage du processus de démantèlement tarifaire des produits européens entrant sur le marché camerounais. Confirmation du communiqué de la Commission Européenne du 28 juillet 2014, qui annonçait alors que « les pays de l’Union européenne (UE) laisseront entrer les produits exportés sur leurs territoires respectifs par le Cameroun, «en franchise de droits de douane et sans contingent». Naturellement, cette décision était subordonnée à la ratification par les parlements de tous les pays de l’espace européens e.
Dans le même temps, le Cameroun promettait, «de son côté, d’ouvrir progressivement son marché aux exportations européennes sur une période transitoire prévue jusqu'en 2023. Cette ouverture se fera à l’exception d’un certain nombre de produits de façon à assurer la protection de ses marchés agricoles et industriels qu’il considère comme sensibles».
Selon l’UE, cet accord «est favorable à l'accroissement du commerce et à la diversification des activités économiques du Cameroun», de même qu’il constitue un outil majeur de l’Union européenne, pour «accompagner les pays en développement comme le Cameroun vers l'émergence de leurs économies».
Toutefois, il y a deux aspects incontournables participant à la mise en œuvre du démantèlement tarifaire prévu entre les deux entités : les règles d’origine et la mise à niveau des entreprises ;
A en croire M. Samuel Yemene, directeur des études et de l’information économique, CCIMA, président du groupe de travail sur l’accès au marché et les questions douanières au sein du Comité de suivi de la mise en œuvre des APE, dans une entrevue accordée au quotidien national Cameroun Tribune mercredi 3août, « les règles d’origine sont des critères techniques qui permettent de déterminer la nationalité économique des marchandises dans le commerce international. Celles-ci sont préférentielles ou non. Dans le cas de l’APE, elles sont préférentielles, et elles définissent les conditions dans lesquelles un produit est considéré comme originaire d’une partie à l’accord afin de bénéficier du traitement préférentiel. » Lesdits règles jouent un rôle important dans le libre-échange.
S’agissant de la mise à niveau des entreprises, elle a été initiée avant l’entrée en vigueur de l’APE UE/Cameroun. Il était donc question du renforcement des capacités des entreprises camerounaises pour qu’elles deviennent compétitives au plan international. « La mise à niveau globale ou spécifique des entreprises sélectionnées par le comité de Pilotage du Bureau de mise à niveau des entreprises (BMN) a consisté pour chaque entreprise à l’examen de l’existant à travers un diagnostic par des experts, la déclinaison d’un plan d’investissement matériel (équipements de production, réfection des zones de fabrication des produits etc.), a expliqué la directrice du BMN, Mme Chantal Elombat.
D’ores et déjà, une liste de 1760 produits en provenance de l’Union européenne qui ne paieront plus la douane à partir du 4 août 2016 est connue.
Le premier produit sur la liste dressée par la direction générale des Douanes est dénommé « Chevaux vivants, reproducteurs de race pure » et le dernier porte le nom de « mobilier pour médecine ».
Conclu en décembre 2007, et signé le 15 janvier 2009, l’APE intérimaire entre l’UE et le Cameroun a toujours été vertement critiqué, aussi bien par des opérateurs économiques, que par la société civile camerounaise, ces acteurs sociaux craignant qu’à la faveur de cet accord, le Cameroun soit désindustrialisé, pour devenir un simple comptoir commercial des produits massivement importés des pays de l’UE.
Nadine Eyikè
