Et la réflexion tombe à point. Pour qui a été en immersion dans les activités de la Chambre haute durant cette dernière session parlementaire, il était difficile de ne pas constater que les 100 représentants des collectivités ne tirent pas au flanc. Les sénateurs veulent compter dans la conduite du Cameroun et entendent s’en donner les moyens. Mais les critiques, elles et pour autant n’attendent pas. Sur l’opportunité, le coût et sur l’efficacité – car présentée comme chambre d’enregistrement- même de la Chambre, les débats persistent. Et les Sénateurs sont conscients des grosses attentes qui suivent ses réprobations. « Nous sommes conscients de ce que nous avons encore de nombreux efforts à fournir, notamment dans l’organisation et le fonctionnement de notre chambre, pour les inscrire dans la durée et les rendre plus efficaces », reconnait le président du sénat, Marcel Niat Njifenji en personne. Mais au fond, depuis sa mise sur pied, les pierres d’achoppement se multiplient sur le sentier de la construction de l’institution sénatoriale. La question de la vitalité quant à leurs âges et la légitimité même de certains d’entre eux s’est aussi posée - lorsqu’on sait que 70 des 100 sénateurs que compte la chambre haute du Parlement ont été élus au bout d'un scrutin de liste le 14 avril 2013, alors même que les 30 autres ont été nommés par le chef de l'Etat Paul Biya conformément à la loi. Ce sont ces derniers qui ont fait jaser. Il est aussi remonté à la surface de la place publique que les rapports entre le Sénat et l’Assemblée Nationale se complexifiant autour du vote du budget du premier par la seconde.
Dans un autre sens et plus d’actualité encore est la question financière qui se pose intrinsèquement. Les plaintes s’élèvent. Ceux qui devaient avoir huit millions FCFA chacun, pour l’achat d’un véhicule, un salaire compris entre 900.000 et 1.5 million FCFA, selon les responsabilités des uns et des autres, la fin de chaque mois. Ceux-là, ne semblent pas traités à leur aise. Mais, tout cela a-t-il écorné la volonté des représentants de collectivités territoriales décentralisées ? Il faut croire à l’aune de cette dernière session que la réponse est négative.
Les sénateurs bousculent dans tous les azimuts, ils se refusent de lâcher du lest au gouvernement qu’ils contrôlent et qu’ils veulent surtout soutenir dans une structuration où le parti au pouvoir est également le parti majoritaire au Sénat. C’est d’une grille d’analyse suffisante pour justifier le souci des sénateurs à un résultat. « J’exhorte le gouvernement à accélérer la feuille de route sur la mise en œuvre de la décentralisation qui demeure un bon choix stratégique pour le développement et l’avenir du pays. En effet, parce qu’elle est un puissant levier pour le désenclavement de nos régions et nos communes(…) », que le président Niat Njifenji interpelait devant ses compères les membres du gouvernent lors de son discours d’ouverture à la 2ème session de la législature 2015. Selon lui, le Sénat veut surtout rester à l’écoute des Camerounais et reste disposé à apporter sa plus-value. C’est dans cette même veine que les sénateurs, les mêmes, se sont sentis interpellés par l’actualité oppressante de la guerre contre Boko Haram en apportant leur part dans la mobilisation. Fort logiquement, ils ont emboîté le pas des initiatives de soutien aux forces de l’ordre et du chef suprême des armées.
Pour revenir à son rôle même. La session qui vient de s’achever a été pleine. Des échanges avec la ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille, avec celui des Finances en passant par les échanges avec la Chambre des Comptes de la Cour Suprême jusqu’à l’essai d’appréhension des missions du Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunal, les sénateurs ont bougé. C’est à n’en pas douter, pour cette raison que le président de la Chambre haute était fier de chuter que ses collègues et lui-même pouvaient « (…) donc regagner [leurs] familles respectives avec le sentiment du devoir accompli ».
Daniel Ebogo