Grandeurs et misères des handicapés:Une perception sociale évolutive

Le terme handicapé, ou sa variante politiquement correcte ‘’personne en situation de handicap’’, s’impose dans la moitié du XXe s. pour désigner les personnes atteintes dans leurs capacités physiques, sensorielles, intellectuelles ou psychique sous l’influence de la pédagogie de l’enfant attardé et d’autre part des mesures politiques et sociales prises en faveur de ce groupe minoritaire.
Autrefois,  dans toutes les cultures, on surnommait les handicapés d’après le genre d’infirmité dont ils souffraient, en donnant parfois à cette dénomination une valeur péjorative. Par exemple le Bossu, pour une personne atteinte de cette malformation, le manchot pour un manchot, etc., la liste est non exhaustive. Le surnom dérivant d’un handicap peut également avoir une connotation affectueuse, en fonction de la personnalité ou de la notoriété de la personne handicapée  qui le porte. C’est ainsi que, certains enfants claudiquant  ont été surnommés Kotto Bass, en hommage au célèbre chanteur  camerounais disparu dans les années 1990.

Les « anormalités » énoncées par le vocabulaire souvent privatif ou péjoratif de l’infirmité ou de la malformation sont des signes sociaux. Elles stigmatisent celui qui est d’une autre condition, qui est vu soit comme une erreur de la nature, soit celui qui est puni par Dieu et qui porte son infirmité comme la marque de son infamie.

La perception sociale du handicap à travers les époques
Le regard posé sur ces êtres atteints au plan physique, sensoriel, intellectuel ou psychique a varié en fonction des époques.
Au moyen âge, le malformé prend la figure du monstre
En Grèce, Un nouveau-né difforme est un signe avertisseur des dieux adressé à un groupe social fautif et en risque de déviance. Sur décision des responsables de la cité, les enfants présentant des anomalies étaient emmenés hors de l’espace social où ils mouraient. Non pas directement tués, mais laissés au bon vouloir des dieux. De la même manière, dans la coutume africaine et camerounaise en particulier, un nouveau-né difforme était abandonné au bord d’une rivière pendant quelques jours, car, il pouvait reprendre sa forme initiale (serpent ou autre forme animale). Dans le cas contraire, il est ramené dans la chefferie devenant ainsi le totem familial pour les énormes pouvoirs spirituels qu’on lui prête. Dans tous les cas, l’enfant difforme portait le poids de la punition divine des géniteurs ou alors il était considéré comme agent du diable.

La Bible
Remontons aux Saintes Ecritures, plus particulièrement dans la loi mosaïque  ou Ancienne Alliance : toute personne avec un défaut corporel était considérée comme impure et ne pouvait donc pas entrer dans le temple de Dieu pour faire le culte. « Yahvé parla à Moïse et dit : parle ainsi à Aaron : nul de tes descendants à quelque génération que ce soit, ne s'approchera pour offrir l'aliment de son Dieu s'il a une infirmité. Car aucun homme ne doit s'approcher s'il a une infirmité que ce soit, un aveugle ou un boiteux, un homme défiguré, un bossu, un rachitique... ».
Cette représentation, on la retrouve jusqu’à même tardivement.  En témoignent  les travaux d’Ambroise Paré sur les monstres et prodiges (1573) qui sont contre-nature, fruit d’une punition divine. L’infirmité ainsi interprétée renvoie à la Figure du monstre.
Cette censure prend fin avec la Nouvelle Alliance qui s’est accomplie avec la crucifixion de  Jésus Christ à la Croix de Golgotha, venu, non pas pour les purs, mais  pour tous les affligés de la terre.
Le Nouveau Testament ouvre l’accès au royaume des cieux aux aveugles, aux sourds et aux muets.
C’est néanmoins à la rupture que représente l’Evangile qu’il faut rattacher l’évolution qui a cours pendant le moyen âge. Deux perceptions du handicap se côtoient : l’exclusion du handicap perçu comme conséquence d’une punition divine – faute morale  de la mère, commerce avec le diable, voire faute collective ou alors l’inclusion d’après la conception selon laquelle, tous les êtres vivants sont l’expression de la volonté divine (courant de Saint Augustin).  La stigmatisation qu’il représente s’estompe, la radicalité de son étrangeté au monde s’atténue. Il n’est plus celui qui est  puni, mais celui qui est « accidenté » par la vie, la nature.

La relation avec l’infirme
Des études montrent qu’à partir de ce moment-là, la relation à l’handicap est possible. Deux formes de relations à l’infirme s’établissent : l’une renvoie à la fragilité de la condition humaine.  La vue de l’infirme nous rappelle la fragilité de notre condition humaine, et l’autre renvoie au devoir de charité. Un devoir individuel certes, mais qui va prendre une dimension sociale soit avec l’organisation des institutions.
A partir du 19 e siècle, le nouveau regard sur l’autre, l’infirme  tient pour partie aux progrès de la science  à l’époque des Lumières (Montaigne, Diderot et bien d’autres), d’après les travaux de (Olivier GRIM 2008, Mythes, monstres et Cinéma aux presses universitaires de Grenoble). L’infirmité  rentre dans le champ médical lequel impute à un dysfonctionnement du développement des accidents de la nature. Puisque l’infirmité rentre dans le champ de la médecine, cette dernière pourra s’attacher à la réparer, ce à quoi elle s’attèle depuis ce temps. Une autre vision  procède   également de la pensée des Lumières, notamment « l’idée démocratique ».  L’idée  démocratique reposant elle-même sur l’idée d’égalité de droit des hommes. L’idée  démocratique est liée à celle de l’éducation : quoi faire de plus pertinent pour que la citoyenneté » soit réelle sinon éduquer. Diderot écrira sa célèbre Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, dont un des effets sera de démontrer que tous les esprits se valent dès lors qu’on y met l’instruction et l’éducation qu’il faut. Les infirmes se trouvent désenclavés de leur spécificité infériorisante. Ceux qui se trouvent en retard sur  la moyenne ou ceux qui se trouvent sur le bord du chemin commun sont capables, si l’on y consacre l’ardeur morale et la technicité qui conviennent, de revenir dans le partage des parts sociales », écrit Sticker dans son ouvrage Corps infirme et société, essai d’anthropologie historique.
Cet effort éducatif se développe en France avec les travaux de l’abbé de l’Epée (1712-1789)  sur les signes afin d’instruire les sourds-muets et ceux de Valentin Haüy (1745-1822) concernant les aveugles.
Par l’éducation, ce sont les droits fondamentaux des personnes vivant avec le handicap qui commencent à être pris en compte. Plusieurs instruments juridiques consacrent les droits fondamentaux des personnes dites handicapées à cet effet. L’on peut citer entre autres, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, et autres textes spécifiques comme la Convention relative aux droits des personnes handicapées et son protocole additif, le programme d’action mondial concernant les personnes handicapées.
L’un des principaux textes issus de l’Année internationale des personnes handicapées a été le Programme d’action mondial concernant les handicapés, adopté par l’Assemblée générale le 3 décembre 1982, par sa résolution 37/521. Le Programme d’action mondial est une stratégie à l’échelle mondiale destinée à renforcer la prévention des infirmités, la réadaptation et l’égalisation des chances, en relation avec la pleine participation des handicapés à la vie sociale et au développement national. Le Programme d’action mondial insiste aussi sur la nécessité d’aborder le handicap dans l’optique des droits de l’homme. Au niveau régional, la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples et au Cameroun, la loi N°2010/ du 13 avril 2010.

Synthèse de D.A.M.A.

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