Régulation: L’expérience béninoise à capitaliser

Edouard LOKO Vice président de la HAAC

A l’instar d’autres institutions du genre à travers le monde, le CNC va devoir réguler l’exercice du métier de journaliste au Cameroun. Toutefois, cette institution qui fait ses premiers pas dans cet office, va également devoir apprendre de ses consœurs, telle la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) du Bénin, dont le vice-Président a fait le déplacement de Yaoundé afin de partager l’expérience béninoise en matière de régulation dans son pays.

Depuis  1990, année charnière qui a vu le Cameroun intégrer la culture de la liberté d’expression à la faveur de la loin°90/052 du 19 décembre 1990 sur la liberté de la communication sociale, il y a eu la parution d’une presse plurielle (d’abord imprimée, puis audiovisuelle). Du canard muselé qu’elle était, la presse camerounaise devient furibonde. D’où les dérives qui ont avili l’image du plus beau métier encore considéré ailleurs comme le quatrième pouvoir.
Ces dérives ne sont pas une exclusivité camerounaise. Partout dans le monde, la presse a eu à franchir la frontière de l’information responsable pour se vautrer dans la lie de la désinformation, de  l’atteinte à la vie privée et  de la calomnie.Pour enchainer le canard, il a fallu créer des institutions de régulation. L’exemple du Bénin avec la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC  est assez édifiant.
La presse béninoise au pas
Représentant cette institution béninoise aux assises de Yaoundé organisées par Mgr Befe Ateba, le vice-président Edouard Loko a présenté les avancées positives de la régulation des médias au Bénin d’une part, et les risques liés à la régulation par la HAAC d’autre part dans un contexte de liberté ou de muselage de l’expression.
La HAAC est une institution constitutionnelle (article 142 de la Constitution béninoise du 11 décembre1990). La HAAC « veille au respect de la déontologie en matière d’information et l’accès équitable des partis politiques, des associations et des citoyens aux moyens officiels d’information et de communication (article 142 de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990 ».
L’institution se veut indépendante, même si sur ses neuf (09) membres, trois (03) sont nommés par le président de la République ; trois (03) nommés par l’Assemblée Nationale et trois (03) élus par leurs pairs.

Les avancées
L’on a pu noter que la presse béninoise  a la présente la m^me configuration que la presse camerounaise. C’est une presse plurielle, libre, avec tout de même une particularité: elle est une presse militante. Chaque parti politique disposant de son organe de publication. Ainsi, l’on dénombre 135 quotidiens, 40 périodiques, 52 radios privées communautaires, commerciales et confessionnelles et 6 chaînes de télévision.
La régulation a pu prévenir les troubles post électoraux au regard du caractère politique de la presse. Les pouvoirs de régulation  et de sanction de la HAAC sont démultipliés et proactives pendant les périodes électorales. Les médias béninois, conscients de leur responsabilité sociale, ne se laissent pas manipuler par les politiques.
L’on constate la non application des jugements encore basés sur une législation repressive et privative des libertés des hommes des médias. Aucune condamnation pour délit de presse n’a été enregistrée et les peines d’amendes  sont rarement appliquées. Cet état de fait étant à porter au crédit de la HAAC.
De même, la HAAC ne badine pas sur les sanctions, celles-ci sont médiatisées, voire spectaculaires. L’une des sanctions est l’audition publique des journalistes mis en cause. « Devant les caméras et les plumes, les mis en cause sont sommés, devant la pléinière des Conseillers et de nombreux confrères, de s’expliquer sur leurs écrits, souvent des accusations sans preuves et de fausses nouvelles.Compte rendu en est fait  sur les télévisions, les radios et dans la presse écrite », a révélé M.Edouard Loko. Une méthode de repression de délits de presse plutôt efficace, pouvant être assortie de la suspension du journaliste ou du média ou   alors de la  radiation définitive du média et l’interdiction de l’exercice du métier de journaliste. Il faut également signaler que c’est la HAAC qui propose à nomination les responsables des médias publics. Son rôle est également de contrôler les contenus des médias et de s’assurer de l’accès équitable des parties politiques et autres forces sociales aux médias.


Les limites
M. Edouard Loko met tout de même un bemol dans son propos : « la HAAC est un organe administratif dont la composition est très politique dans sa majorité. Six  de ses 9 membres ayant une provenance politique et le président de l’institution est nommé par le président de la République ».
Etat de fait qui  expose la HAAC au risque de soumission au président de la République et aux pouvoirs publics. L’autre limite est le recul de l’autorégulation; l’Observatoire de la Déontologie et de l’Ethique dans les Médias faisant pâle figure à côté d’une HAAC aux pouvoirs plus étendus.
L’expérience béninoise, somme toute assez édifante, pourrait en inspirer plus d’une instance de régulation des médias en Afrique. le CNC qui n’est encore qu’à ses balbutiements, pourrait capitaliser cette expérience.

Marius Nguimbous

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