Le 09 août 2014, le Cameroun s’est joint à la communauté internationale pour célébrer la 19e édition de la Journée internationale des Peuples Autochtones. Concernée, le ministère des Affaires sociale, a présenté le bilan de l’action gouvernementale en faveur de la promotion des droits des peuples autochtones au Cameroun.
« Combler le fossé : appliquer des droits des peuples autochtones », tel est le thème qui a servi de fil conducteur à la célébration de la 19ème Journée internationale des Peuples autochtones. « Au moment où s’achève la deuxième décennie internationale des populations autochtones (2005 -2014) placée sous le thème « Décennie pour l’action et la dignité », la célébration de ce jour nous donne l’occasion de mesurer l’engagement du gouvernement de la République du Cameroun à promouvoir l’inclusion socioéconomique intégrale des populations autochtones », a souligné Mme le ministre des Affaires sociales, Mme Cathérine Bakang Mbock, dans son discours d’ouverture de la cérémonie de la JIPA. Cette journée particulière dédiée aux peuples autochtones venaient ainsi clôturer toute une semaine d’activités toutes aussi enrichissantes et édifiantes, les unes que les autres. L’intérêt de ces manifestations reposait sur la synergie d’action entre les pouvoirs publics camerounais, les organisations internationales à l’instar de l’Organisation Internationale du Travail, l’Union Européenne et le Centre des Nations Unies pour les droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique Centrale, entre autres, les associations des peuples autochtones et les OSC spécialisées dans la promotion des peuples autochtones comme le Centre pour l’Environnement et le Développement (CED).
Pour le Cameroun qui était à sa 7ème édition de la JIPA, l’objectif visé est de « sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur l’engagement du Cameroun à promouvoir une action sociale intégrée, en faveur des groupes sociaux vulnérables considérés comme autochtones au sens du droit international ». D’où le choix du thème national « Renforcement des capacités et partenariat pour une action sociale intégrée en faveur des peuples autochtones vulnérables », qui est en cohérence avec le thème retenu par les Nations Unies.
Outre l’atelier avec le ministère de l’Education de base planchant sur les politiques spécifiques à adopter en matière d’éducation, puis la projection des films documentaires valorisant la vie et la culture des PA et les réunions de concertation avec les peuples autochtones, le ministère des Affaires Sociales a axé ses travaux sur la présentation du dispositif institutionnel de promotion et de protection des droits des populations autochtones Vulnérables (PAV), la présentation de la cartographie de l’action sociale en faveur des PAV au Cameroun, le renforcement des capacités des Services d’Action Sociale auprès des Populations Autochtones Vulnérables (SAS-PAV), la redynamisation du comité intersectoriel de pilotage des programmes et projets en faveurs des PAV, entre autres.
Des réflexions auront été menées au cours de la semaine des peuples autochtones au regard de leur situation complexe et des problèmes inhérents. Avec un taux de scolarisation encore bas, la conception des programmes d’Education qui s’adaptent à leur mode de vie - certains sont des populations nomades - a été envisagée; comment sensibiliser les populations voisines (les Bantus) pour mettre fin aux préjugés; le partenariat avec les médias pour sortir les PA du repli identitaire afin de valoriser leur culture et la diffusion des émissions en tenant compte des horaires où ils sont le plus exposés aux médias entre autres ont été mis sur pied. Ces activités inclusives ont donné aux PA l’occasion de s’exprimer, quand on sait que pour mieux les aider, il faudrait les écouter. « La culture des peuples autochtones reste méconnue, ce qui ne facilite pas nos relations avec les Bantu», regrette Paulina,une étudiante mbororo.
Les pouvoirs publics sensibles
Il est indéniable que la question des populations autochtones est au centre des préoccupations des pouvoirs publics camerounais. Le Cameroun a internalisé la protection des populations autochtones notamment dans le préambule de sa loi fondamentale : « L’Etat assure, la protection des minorités et préserve les droits des Populations autochtones ». Une question, d’autant plus sensible que la Cameroun a adopté la Déclaration des Nations Unies sur les droits des Peuples autochtones le 13 septembre 2007.
Le Cameroun sur la bonne voie
Même si beaucoup reste à faire pour la promotion et la protection des PA au Cameroun, le gouvernement s’attelle à mettre en oeuvre la vision du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) en ce qui concerne les populations autochtones : « Pour éviter la marginalisation des peuples dits indigènes et tribaux (PIT), le gouvernement s’engage à promouvoir davantage des structures scolaires et sanitaires dans les zones où vivent ces groupes et à faciliter leur insertion dans la société, notamment des programmes spécifiques de formation et d’encadrement, tout en tenant compte de leur environnement. Des mesures seront également prises pour faciliter leur l’accès à la terre pour leurs activités agricoles, d’élevage et de pêches ». Ce document prévoit par ailleurs des programmes pour l’ insertion socioéconomique des Baka ou encore le plan de développement des Peuples Pygmées (PDPP) du programme sectoriel Forêt et Environnement dont l’objectif est l’amélioration des conditions de vie des Baka dans le cadre de la gestion communautaire des ressources forestières et fauniques. Ce programme s’élève à 422 millions francs CFA. A côté de cela, il y a le Plan de Développement des Peuples Pygmées du Programme National de Développement participatif (PNPP/PNDP) et aussi le projet d’amélioration de la compétitivité Agricole (PACA) qui dispose d’un Cadre pour les Actions des Peuples Pygmées (CAFPP). Pour ne citer que le cas des Baka. Les Mbororo bénéficient aussi de l’attention des pouvoirs publics, notamment en matière de promotion et protection de leurs droits sociaux, éducation à la citoyenneté et à la vie communautaire, appui à l’accès à la terre pour ceux qui veulent se sédentariser, l’accès aux actes d’état civil, à la représentation sociale, à la participation à la prise de décision dans les secteurs qui les concernent, l’appui à l’accès aux services sociaux de base ou encore le soutien aux initiatives sociales, économiques et culturelles des PAV.
Des récriminations s’élèvent pourtant du côté des concernés qui estiment ne pas être suffisamment représentatifs dans les conseils municipaux, pour que leurs revendications soient prises en compte ou encore que l’enveloppe de près de 2 milliards de francs CFA, débloquées pour leur insertion socioéconomique, n’a pas atteint les résultats escomptés. Une chose est sûre, le chemin est balisé pour l’adoption des mesures de discrimination positive des peuples autochtones,toutes choses qui leur donnent accès à leurs droits, eux qui ont un mode de vie durable.
Emilienne N. Soué