MEDIAS / PEUPLES AUTOCHTONES: Un partenariat vivement souhaité

C’est autour d’une plate-forme organisée par l’Organisation Internationale du Travail, assistée par le Centre des Nations Unies  pour les droits de l’Homme et de la Démocratie, l’Union Européenne, que les médias du Cameroun et les peuples autochtones camerounais ont appris à se connaitre, à l’effet d’établir un partenariat durable.

La 19 ème  édition de la Journée Internationale des Peuples autochtones (JIPA), a pris un tournant particulier pas seulement pour les peuples autochtones du Cameroun, mais pour les médias également. Un séminaire de sensibilisation des médias aux problématiques des peuples autochtones a été organisé. L’atelier destiné aux seuls hommes et femmes de médias camerounais uniquement, tel qu’indiqué sur les termes de références de l’évènement, a finalement réuni les deux entités. L’arsenal juridique en rapport avec les PA, la projection d’un documentaire sur la vie des PA, et la collecte et le traitement des informations sur les PA étaient au menu de cette formation d’une journée. Le facilitateur du Centre des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique Centrale, M. Fonyu Franklin Kiven, dans les travaux pratiques d’atelier, a trouvé opportun de former des groupes mixtes journalistes/personnes autochtones. Les réponses aux  exercices de communication  étaient aussi bien apportées par les représentants des populations autochtones que par les journalistes, qui n’ont d’ailleurs pas hésité à  leur  céder leur place dans la restitution des TP. « J’ai pu ainsi palper le métier de journaliste », a laissé entendre M.Engbwe Ferdinand, un représentant baka. De la fierté pouvait ainsi se lire sur les visages  de ces participants autochtones, qui étaient venus à cet atelier avec  des doléances articulées dans un document - fruit de leur travail -, recensant les difficultés d’accès des peuples autochtones camerounais  aux médias. Ainsi, les PA ont pris conscience aussi bien des facteurs  endogènes qu’exogènes limitant leur accès aux canaux d’information.

Des problèmes internes


S’agissant des facteurs endogènes, c’est-à-dire, ceux qui leur sont imputables, ils ont cité entre autres,  le désintéressement des communautés aux médias à cause du faible impact des actions des médias dans leur vie et leurs revendications. Et aussi, leurs difficultés financières  pour satisfaire aux conditions d’accès aux médias, les coûts prohibitifs des insertions. Ce à quoi l'on peut ajouter l’ignorance de l’importance du rôle des médias dans la promotion et la protection des droits des peuples autochtones; Les barrières linguistiques qui ne leur permettent pas de participer aux émissions, du fait de leur faible niveau de scolarisation; Le repli identitaire constitue un autre facteur de non ouverture aux médias; du fait des complexes d’infériorité et de la timidité, s’autocensurent des médias.  Pour finir, leur attachement aux modes de communications traditionnels persiste d’où le refus de s’ouvrir aux techniques de communications modernes. Cette situation favorise ou est favorisée par  l'ignorance de leurs droits à l’information et à la liberté d’expression dont ces peuples souffrent.

Des facteurs externes

L’on cite dans la catégorie des problèmes qui accablent les peuples autochtones, celui d’enclavement des zones d’habitation. De fait, les PA  habitent, pour la plupart, dans  les  montagnes et  les forêts. Ceci accentue le faible intérêt des médias à couvrir les questions qui les concernent. Ils ont tenus à souligner l’absence d’une politique de communication sur les problématiques et évènements relatifs à leur tribus, aux préjugés et au trafic d’influences dont ils sont victimes. Ils rapportent par exemple que les responsables politiques les influencent pour avoir donné un avis aux médias, sans les consulter. Ils sont également victimes de préjugés des Bantus voisins qui estiment qu’ils ne doivent pas être devant les feux des  projecteurs.  A côté de ces difficultés, il y a la non prise en compte des langues autochtones lors des répartitions des tranches d’antenne à laquelle il faut ajouter qu'aucune langue autochtone n’est insérée dans les programmes officiels.


Des propositions innovantes ?

La rencontre entre peuples autochtones et  hommes de médias dans le cadre de cette plate-forme n'a pas seulement permis d’égréner leurs problèmes. Il s’est agi aussi et surtout  de plancher sur les voies de solutions envisageable. En première analyse, il y a eu une interpellation des pouvoirs publics et des médias. En effet, il sera important pour l'avenir de développer des programmes et réserver des espaces pour la promotion de la culture, les droits et les aspirations des peuples autochtones. Dans le même sens, il sera question de  formuler des politiques en matières d’accès aux médias, soit au niveau local et au niveau national tout en mettant sur pied une offre de formations aux métiers de la communication au bénéfice des PA, y compris par le développement de programmes de renforcement des capacités des médias sur la culture des PA; la sensibilisation des populations autochtones sur l’importance des médias; l’identification  des personnes ressources autochtones et leur formation sur l’utilisation des médias. A cela, il faut ajouter la promotion d'une expérience de la vidéo participative et aussi la promotion des médias autochtones.


Un guide pour les médias

La plate-forme média-peuples autochtones a en dernière analyse poser le principe d'un guide pour les médias. Ce dernier dictera la conduite à tenir pour Au final, cette plate-forme a été " une réflexion bien menée qui contribue à l’instauration d’un partenariat durable entre les médias et les peuples autochtones", à en croire M. Fonyu Franklin Kiven du CNUDHD-AC. Toutefois si les médias peuvent accompagner la promotion et la protection des peuples autochtones, dans l’exercice de leur métier, par la sensibilisation des pouvoirs publics, l’éducation et la formation des populations autochtones. Il n’en demeure pas moins que leur action seule ne peut suffire. Des politiques doivent être mises sur pied par les pouvoirs publics, et surtout, le pays doit montrer sa  volonté  de promouvoir les droits des Peuples autochtones en ratifiant la convention 169, un instrument de l’Organisation Internationale du Travail relative aux peuples indigènes et tribaux. Ledit instrument, dont la pierre angulaire est la consultation des peuples autochtones dans toute prise de décision les concernant, ne serait pas de trop à côté d’autres instruments internationaux de défense des droits des minorités promus par les Nations Unies.

Nadine Eyiké

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