Hamadou-Babba Abdourama:Pdt Etoile Filante de Garoua: « Compte tenu de la partialité du Comité de Normalisation, tout est possible »

Le football camerounais est pris dans une tourmente inexplicable depuis quelques années. Dans l’optique de redresser le secteur, un Comité de normalisation a été mis sur pied. En vue d’organiser les élections pour remplacer l’ancien président aujourd’hui en prison. L’un de ses anciens collaborateurs introduit dans le milieu de football, se livre sur les motifs et le combat qui l’ont menés avec d’autres, à aller jusqu’à la chambre de conciliation et d’arbitrage pour faire dire le droit.

 

Qui est Monsieur Hamadou Babba Abdouraman ? Votre profession, votre parcours, il y a comme une confusion autour de votre personne. Peut-on éviter d’épaissir cette confusion ?
Je suis un camerounais ordinaire qui est un grand passionné du football depuis l'enfance et qui croit que le rêve de voir le Cameroun remporter une Coupe du Monde de la Fifa peut se réaliser dans un avenir pas si lointain qu'on pourrait le penser. Je vous passe les autres détails liés à ma vie personnelle, car j'ai la faiblesse de penser que ce n'est pas ce qui intéresse particulièrement les Camerounais qui sont très préoccupés par le sort qui peut être réservé à notre football au terme de cette transition sans fin.

Quel est exactement le problème qui vous amène à saisir la Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif du Cameroun ?
Nous avons contesté la légalité des nouveaux statuts de la Fécafoot et la légitimité de l'assemblée générale du 23 août 2014 qui les a adoptés. Pour nous, les dispositions des alinéas 2 et 3 de l'article 78 de ces statuts vont à l'encontre de celles de l'article 44 alinéa 2 de la loi n° 2011/018 du 15 juillet 2011 relative à l'organisation et à la promotion des activités physiques et sportives au Cameroun. En érigeant le Tribunal arbitral de football de la Fécafoot en juridiction de dernier ressort au plan national alors que la loi ne prévoit que la CCA et en imposant l'accord des parties pour la saisine de la CCA alors que la loi prévoit que l'une des parties peut la saisir, les nouveaux statuts de la Fécafoot contredisent la loi  à laquelle ils sont censés obéir. En plus, l'assemblée générale qui s'est réunie le 23 août 2014 était composée de personnes sans qualité compte tenu des sentences rendues par la CCA les 22 et 24 mai 2013 et qui avaient annulé les élections au sein de neuf ligues régionales. Au regard de la loi, ni la Fifa, ni personne d'autre n'a le pouvoir d'annuler une sentence de la CCA. Seul le TAS a ce pouvoir.

Que pensez-vous de cet argument du Comité qui consistait à dire que vous n’aviez pas ou plus qualité pour actionner devant cette chambre ? Et quel est votre intérêt dans cette affaire ?

J'ai agi en tant que président d'Etoile Filante de Garoua et devant le TAS, le Comité de Normalisation ne m'a pas contesté cette qualité. Tout au contraire, tous les écrits produits par ce comité devant le TAS mentionnaient ma qualité de représentant d'Etoile Filante de Garoua. Mieux, sur mon insistance, lors de l'audience tenue devant le TAS à Lausanne, le président de la Formation arbitrale, Maître François Klein, a expressément demandé à l'avocat du Comité de Normalisation s'il contestait ma qualité et ce dernier a répondu par la négative. Le Pr Owona est conscient qu'en l'état actuel des choses, aucune juridiction sérieuse ne peut me dénier la qualité de président d'Etoile Filante de Garoua.

Dans un autre sens, le Comité a contesté l’intervention de l’arbitrage « sans accord des parties », donc sans compromis ou clause compromissoire...
Le TAS qui est la plus haute juridiction en matière d'arbitrage de sport a rejeté cet argument et je pense que l'on devrait s'en tenir uniquement à cela. Ce débat est clos sur le plan juridique, mais le Comité de Normalisation est libre d'entretenir encore les débats dans les médias avec toutes ces questions déjà tranchées. Je pense que cela relève uniquement de leur tentative permanente de manipulation de l'opinion nationale.

Quelle a été la place des instances internes de la Fécafoot dans cette longue procédure, je pense au Comité d’homologation ou encore à la commission de recours ?

Ces organes juridictionnels ont des compétences limitées par les statuts de la Fécafoot qui ne prévoient aucune juridiction pouvant connaître des recours contre les décisions de l'assemblée générale qui est l'organe suprême de la Fécafoot.

Parlez-nous du TAS, de sa compétence.

Pourquoi l’avoir saisi ? Avec qui avez-vous travaillé sur cette procédure ?
Le TAS est la juridiction suprême mondiale en matière d'Arbitrage de sport. Il est basé à Lausanne en Suisse. Le Comité International Olympique (CIO) a été à la base de sa création en 1983 et à partir de 1994, pour plus de neutralité, ce tribunal est sorti du giron du CIO et depuis lors il est chapeauté par le Conseil International en Matière d'Arbitrage de Sport (CIAS) qui est une entité indépendante. La Fifa a été pendant près de vingt ans hostile au TAS et ne l'a reconnu en 2002 après qu'elle ait échoué à réunir les conditions nécessaires exigées pour la mise en place d'un Tribunal Arbitral de Football. Cette reconnaissance se traduit par l'article 66 des statuts de la Fifa qui reconnaît le TAS comme juridiction de dernier ressort en cas de litiges. J'ai toujours travaillé en collaboration avec des spécialistes du droit en Suisse et au Cameroun. Ils ont apporté leurs connaissances en matière de droit et quant à moi, j'ai mis à leur disposition, la connaissance que j'ai du fonctionnement du football camerounais, africain et mondial. C'est donc une belle synergie.

Pensez-vous qu’un candidat en proie à des ennuis judiciaires ou de moralité compromise doive être autorisé par les statuts à être candidat ?
En principe non. Mais compte tenu de la partialité du Comité de Normalisation, tout est possible. L’on voit bien que les textes élaborés par ce comité sont taillés à la mesure de M. Tombi A Roko qui est même autorisé, contre toute logique, à rester à son poste de secrétaire général malgré son statut de candidat déclaré au poste de président de la Fecafoot.

Aspirez-vous au poste de président de la Fécafoot ?

Cela m'étonnerait que vous puissiez trouver beaucoup de Camerounais qui rejetteraient l'opportunité de pouvoir jouer un quelconque rôle dans l'histoire de notre football. Cependant, à ce stade de l'évolution des choses, le but principal que nous poursuivons est la garantie d'un processus électoral libre, transparent et équitable afin de permettre aux acteurs de notre football de choisir leurs dirigeants.

Que pensez-vous de ce qu’il se dit « Que des agrégés de Droit aient pu échouer sur des statuts d’une association » ?

Je pense qu'il est moins question de référence académique que de moralité. Je suis convaincu que les dispositions querellées ont été introduites uniquement pour favoriser un candidat. Même comme il est vrai qu'il auraient pu être plus ingénieux, au regard justement des références académiques qu'ils revendiquent.

Que pensez-vous de cette décision de prorogation? Et que comptez-vous faire?
Cette énième prorogation avec le maintien en poste du Pr Joseph Owona et de tous les membres du Comité de Normalisation n'est pas de nature à favoriser l'apaisement et le retour de la confiance, indispensables pour la réussite de cette transition qui s'éternise. Nous savons tous que le Pr Owona a cessé depuis longtemps de jouer son rôle d'arbitre et qu'il a pris fait et cause pour un groupe de personnes adoubées par la Fifa. Nous avons décidé d'attaquer immédiatement cette décision du Comité Exécutif de la Fifa devant le Tribunal Arbitral du Sport à Lausanne en Suisse. Nous allons contester à la Fifa le droit de proroger ce mandat alors qu'elle partage clairement la responsabilité de l'échec de cette transition. Nul ne peut donc se prévaloir de sa propre turpitude. Nous sommes confiants dans la mesure où nous disposons d'une jurisprudence du TAS née de la contestation de la prorogation du mois de mars 2014 qui a interprété le sens de l'article 7 alinéa 2 des statuts de la Fifa et précisé les conditions de validité de la prorogation du mandat d'un comité de normalisation.

Propos recueillis par Willy Zogo

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