M. Baha Samuel Délégué d’Arrondissement de l’Agriculture et du Développement Rural de Ngwei : «Nous formons les jeunes pour en faire de véritables entrepreneurs agricoles»

Dans la foulée de l’appel présidentiel à une ruée de la jeunesse vers l’agriculture, Le Droit a rencontré un praticien pour comprendre l’apport de l’Etat aux agriculteurs de l’arrondissement de Ngwei, département de la Sanaga-Martime, Région du Littoral.

 

Vous êtes délégué d’arrondissement d’Agriculture et du Développement Rural de Ngwei. A ce titre, que pouvez-vous dire du secteur agricole dans votre ressort territorial ?

Le secteur agricole se porte relativement bien dans l’Arrondissement de Ngwei. Ceci se justifie par l’extension des superficies des différentes cultures chaque année (cultures vivrières et pérennes), entrainant ainsi une augmentation de la production agricole. Nous pouvons noter également l’engouement grandissant des populations pour la mise en place les cultures un peu abandonnées par le passée tel que le cacaoyer. Mais des problèmes majeurs tels la rareté du matériel végétal amélioré, l’inorganisation des producteurs dans la commercialisation des produits agricoles, la difficulté pour l’acquisition des inputs agricoles (engrais et produits phytosanitaires etc.), freinent l’émergence de cette agriculture. 

Quels sont les rapports que vous entretenez avec les exploitants agricoles ?

Nous vivons en harmonie, je suis permanemment à leur côté dans le cadre de la mise en place et du suivi de leurs projets agricoles (accompagnement technique et formations). Mes contacts et mon bureau sont à leur disposition. Je n’hésite pas un instant à me rendre dans une exploitation quand je suis sollicité pour apporter mon expertise. Bref j’entretiens de très bons rapports avec les producteurs de mon arrondissement. 

Comment sont organisés les agriculteurs  de votre localité à l’effet de s’adapter aux mutations de l’heure, référence faite à la nouvelle législation OHADA qui veut que les agriculteurs soient regroupés en coopératives ou fédérations coopératives pour mieux atteindre les objectifs du développement agricole ?

Très peu d’agriculteurs de notre arrondissement sont ouverts à la vie associative. Mais à travers les multiples séances de sensibilisation sur le terrain, nous parvenons à convaincre de plus en plus les agriculteurs quant à la nécessité de se mettre en coopératives ou autres associations afin de bénéficier des avantages liés à ces structures, par exemple les achats groupés des intrants, matériel et équipement agricoles, la vente groupée des produits agricoles, l’assainissement des plantations, les subventions du MINADER etc. Les agriculteurs de notre arrondissement se regroupent de plus en plus en coopérative et actuellement il existe plus de 06 coopératives légalisées. 

Quel est l’impact réel des jeunes et des femmes ? Leur implication dans le développement agricole de la localité ?

Nous rencontrons de plus en plus des jeunes dans les villages. Beaucoup ont compris que la terre offre des meilleures garanties pour le développement et l’épanouissement de la famille. Des jeunes parfois diplômés des grandes écoles du pays, se retrouvent soit à côté des parents dans les travaux champêtres, soit créent leurs propres exploitations. Ayant plus de forces que les parents, ils sont à l’origine de vastes plantations qui existent dans les villages. Les jeunes femmes jouent également un rôle très important dans le développement de l’agriculture. Les cultures comme l’arachide, le manioc, bref la majorité des cultures vivrières sont pratiquées généralement par elles.      

Quels sont les appuis institutionnels directs ou indirects qui incitent les jeunes à embrasser le métier d’agriculteur à l’effet de pouvoir combattre l’exode rural ?

Il y a des projets et programmes dans les différents ministères qui offrent des appuis aux jeunes. Au MINADER par exemple, à travers les projets FODEC, PDPV etc., les jeunes peuvent recevoir des plants améliorés de cacaoyer et palmier à huile; le projet maïs offre les semences de maïs. Et à  travers les différentes formations du MINADER et de la GIZ (coopération allemande) sur l’entrepreneuriat agricole, ces jeunes reçoivent tout ce qu’il faut comme appui technique pour la mise en place et le suivi de leurs projets agricoles. Nous les formons pour qu’ils deviennent de véritables entrepreneurs agricoles capables de tirer profit du travail de la terre.

Quelles sont les alternatives mises sur pied pour répondre à une demande sans cesse croissante ? En matière d’intrants, de financement, etc.

Nous sollicitons de la hiérarchie, plus de subventions que par le passé.    

Quelle assistance technique pour accompagner la création de véritables entreprises agricoles ?

Elle commence par le renforcement des capacités des agriculteurs dans les différents villages de l’arrondissement, pour réveiller l’esprit des producteurs, sur l’entrepreneuriat agricole. Ces formations vont amener progressivement les producteurs à changer les anciennes techniques culturales pour en adopter de nouvelles, à utiliser les variétés améliorées des cultures qui produisent plus, organiser le monde rural, organiser la commercialisation des produits etc.

Comment sont réparties  les différentes subventions ? Et quels sont les critères d’éligibilité ? Peut-on parler de  bonne gouvernance dans ce processus en termes de  prise en  compte des aspects sociologiques,  au regard des remous et frustrations dérivant de l’injustice dans le traitement des agriculteurs par le passé ?

Pour bénéficier des subventions du MINADER, il faut s’approcher des services administratifs de l’arrondissement (Délégation, Poste agricoles, CEAC et CFR) et remplir les fiches de demande. Ces fiches sont classées par ordre de dépôt, ce qui permet d’apprécier au moment du choix des bénéficiaires, les premiers dossiers au cas où il ya plus de demandes par rapport à la disponibilité de ce que l’on sollicite.

Nous tenons compte également de la répartition par villages pour permettre à toutes les localités d’en bénéficier.

Peut-on parler de l’agriculture de deuxième génération dans votre ressort territorial ?

Pas encore. Il faut prendre en compte plusieurs facteurs de production pour que l’on puisse parler de l’agriculture de seconde génération. Il faut faire par exemple intervenir la mécanisation pour étendre les superficies, l’utilisation rationnelle des inputs  agricoles, l’organisation de la commercialisation des produits etc.

Cette agriculture pourra t-elle infléchir la courbe de l’exode rurale, c’est –à- dire que l’on verra désormais plus les jeunes citadins venir s’installer dans les zones rurales ?

Biensûr, dès que le monde rural sera organisé, le phénomène inverse va s’installer.   

Quelle sont les limites des programme d’accompagnement du MINADER ?

Les subventions (matériel végétal et autres appuis) arrivent parfois chez le planteur avec un petit retard. Les frais de transport des plants par exemple pour les bénéficiaires sont énormes.

Propos recueillis par Samuel Binyegui Ott

 

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