Achille Magloire Ngah
 Cameroun, qu’as-tu fait de ton identité ?
Le concept ‘’identité’’ est l’une de ces quadratures de cercle qui, à l’image d’un couteau à double tranchant, peut servir à défendre tout aussi bien une vertu qu’un vice. Retenons quand même que ‘’identité’’ renvoie dans un premier sens à ce qui est particulier, unique et propre à un individu, à l’exemple de la carte d’identité. Dans un second sens, le terme fait état de tout ce qui est commun, identique ou confondu, on parlera ici de l’identité culturelle par exemple.
Au commencement était donc ‘’Rio dos camaroes’’ qui est devenu Cameroun/Cameroon. Mais est-ce vraiment le vrai commencement ? Tout porte à croire que non, car bien avant la découverte de Nachtigal, les peuples de la terra nullis (devenue plus tard Kamerun), pour emprunter le terme des conférenciers de Berlin existaient. Ils avaient les habitudes, les langues, les us et les coutumes similaires, voire même identiques. Pour preuve, les oripeaux Sawa et Bakweri sont identiques au millimètre prêt. N’est-ce pas là un signe de fraternité ? N’est-ce pas là la véritable identité à revendiquer, à la manière de ces Noirs américains qui déferlent chaque année dans nos pays à la quête de leur terre d’origine, des traces de leur identité ? Est-ce le sang anglophone ou francophone qui coule dans nos veines ? Certainement pas. Mais une chose est sûre, une étude génétique trouverait bien des liens de fraternité entre les Bakweri et les Sawa. Alors d’où sortent des revendications identitaires par rapport à deux langues étrangères qui ont divisé ces frères ? Est-ce véritablement l’usage de ces langues qui fait problème ?