PARLEMENT: L’Hémicycle se féminise

2013 a été une année électorale au Cameroun. Ces élections ont permis de procéder au renouvellement des élus de la nation. Plus, elles ont été l’occasion de bouger les lignes en ce qui concerne la représentativité des femmes, notamment à l’hémicycle.

56 femmes au profil varié vont occuper le fauteuil de députés au cours de la 9e législature. Lors de la précédente, elles n’étaient que 25 à légiférer et à contrôler l’action du gouvernement. Elles sont, avocate, enseignante, directrice de Management, fonctionnaire etc.A côté des têtes d’affiches féminines, des habituées des lieux,  telles Patricia Hermine Tomaïnou Ndam Njoya, Pauline Ndoumou, Rosette Ayayi Moutimbo, Céline Mendoua pour ne citer que celles-là, Il y avait aussi des nouvelles élues. Ces dernières, intimidées,  avancent tout de même d’un pas de conquérantes. L’on comprend que la gent féminine a dû ferrailler dur pour s’imposer sur les listes de leurs partis respectifs. C’est alors tous partis confondus, le 2 novembre, que ces honorables au féminin ont arboré les mêmes attributs que leurs collègues hommes. « Les femmes à l’Assemblée sont aussi capables que les hommes. Il faut leur permettre de s’exprimer librement pour montrer de quoi elles sont capables », dira Mme Juliette Bekolo Ebe, proviseur de Lycée », députée RDPC.

Cette percée féminine est due à la combinaison de plusieurs facteurs. En premier lieu, l’arsenal juridique opposable en cas de violations des droits des femmes. Plusieurs instruments prônent l’égalité entre hommes et femmes. Ils se déclinent aussi bien au plan international qu’au plan national.

Au plan international, la Déclaration Universelle des droits de l’Homme, en son article  premier « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » et plus loin, Article 21 dispose :« 1. Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis. 2. Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions publiques de son pays. ».Puis la Conventionsur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF).

Au plan régional, le Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, ou Protocole de Maputo, qui a été  adopté le 11 juillet 2003, lors du second sommet de l’Union africaine à Maputo, au Mozambique. Il s’agit d’un pas important dans le cadre des efforts faits pour promouvoir et assurer le respect des droits des femmes africaines : le Protocole exige des gouvernements africains l’élimination de toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des femmes en Afrique et la mise en œuvre d’une politique d’égalité entre hommes et femmes.

Ce Protocole vient en complément de la Charte africaine, pour promouvoir les droits fondamentaux des femmes en Afrique et veiller à la protection de ces droits. Parmi ses dispositions figurent le droit de participer à la vie politique et aux processus de décision.

Au plan national, la Constitution camerounaise dans son préambule, proclame que «  l'être humain, sans distinction de race, de religion, de sexe, de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés » et plus loin, « Tous les hommes sont égaux en droits et en devoirs. L'État assure à tous les citoyens les conditions nécessaires à leur développement ».

Notre constitution est en adéquation avec les valeurs universelles relatives à la promotion et la protection des droits des femmes. D’ailleurs le Cameroun a ratifié la plupart des instruments internationauxprônant la parité homme-femme, à l’instar du protocole de Maputo. D’où la volonté d’internalisation des législations consacrant les droits des femmes dans l’ordre juridique camerounais.

Deuxième facteur, les débats qui font florès autour des questions genre et l’accès des Camerounaises à des fonctions électives et le plaidoyer de la société civile. Notre pays aura beau jouer les rôles de premier plan en Afrique, il n’en demeure pas moins qu’il restait à la traîne quant au taux de pourcentage de la participation des femmes aux fonctions électives par rapport à d’autres pays dans le continent.

L’on a vu alors émergé  nombre de plate-forme, à l’instar de « More Women in Politics » du Pr Justine Diffo, ou encore la Plate-forme «Ensemble pour la parité » du Dr Edith Mongue Din qui a adressé un mémorandum au chef de l’Etat, Paul Biya. En fait, ledit mémorandum a été présenté au cours de la 2ème conférence internationale d’«Ensemble pour la parité» tenue le 30 avril 2013 à Yaoundé sur l’égalité de genre. En somme, la plate-forme  a demandé l’institutionnalisation de la parité au Cameroun. Dans son allocution, Dr Edith Mongue Din, la coordonnatrice de l’association est revenue sur la place de la parité. Si «la parité est l’égale représentativité des femmes et des hommes dans toutes les sphères de décision et les instances délibératives», elle «rompt avec l’attribution traditionnelle de la sphère publique à l’homme et de la sphère privée de la femme.» Dr. Edith Mongue Din sait que le combat pour la parité doit d’abord être celui des femmes elles-mêmes car les hommes ne «renonceront pas volontairement et spontanément à une société privilégiant le genre masculin. Les femmes doivent se mobiliser pour écrire elles-mêmes leur propre histoire.» C’est pourquoi, à en croire l’honorable Yvonne Muma Din, députée SDF et membre de More Women in Politics, «Les femmes de l’Hémicycle doivent quitter le chapeau du parti politique pour réfléchir comme des femmes »,

Troisième facteur, le renforcement des capacités de la  femme qui contribue à son émancipation politique. Pour ce faire, les femmes  ont dû sacrifier à plusieurs séminaires et ateliers d’imprégnation à l’art et la science de la gouvernance. Ces formations ayant été dispensées aussi bien par les pouvoirs publics (MINPROFf) que par les organismes internationaux (Centre Régional des Droits de l’Homme et de la Démocratie, ONU femme etc.), la Société Civile, (Women’s Democracy Network) entre autres. Au finish, ce sont des  femmes décomplexées,  à la tête bien pleine qui se sont lancées dans l’arène politique.».

Femme-homme, même combat

Les femmes, désormais des candidates de haut niveau combattent pour gagner, et le font en professionnelles de la politique. Elles parlent d’adduction d’eau potable, amélioration des conditions de vie de leurs concitoyens, éducation, santé, propreté, comme le ferait n’importe quel candidat à une élection municipale. Ce qui est différent, c’est la représentation qui est faite d’elles. On les enferme dans les stéréotypes : mère, femme au foyer,  etc.

Quatrième facteur, la politique gouvernementale. Le président de la République, n’a jamais caché sa volonté d’accorder plus de visibilité aux femmes. Dans sa formation politique, le RDPC, des efforts ont ainsi été faits pour insérer les femmes dans les fonctions électives (maire, adjoint au maire, député). Mais les résistances ont parfois été fortes. Il a donc fallu de la détermination pour que lors des dernières investitures, le RDPC ouvre ses listes à ses militantes pour la course à un siège de conseiller municipal ou de député. Les lignes ont bougé et la représentation des femmes a explosé à l’Assemblée nationale. Le RDPC, à lui seul, a fourni 47 députés. Dans les autres formations politiques à savoir le SDF, l’UNDP, l’UDC et l’UPC le plaidoyer de la société civile a été entendu. Les femmes n’ont pas été oubliées.

Mais il faut davantage se féliciter de l’ouverture apportée par le Code électoral qui a presque contraint l’ensemble des partis politiques à tenir compte des composantes sociologiques, notamment du genre dans la composition des listes de candidats. Reste cependant que si ces facteurs ont porté des fruits à l’Assemblée nationale, le bilan n’est pas le même dans les exécutifs communaux. Très peu de femmes ont été élues maires.   On note toutefois que dans les communes comme Yaoundé IV, Yaoundé V, Angossas dans le Haut-Nyong, Madingring dans le Mayo-Rey, Mayo-Oulo dans le Mayo- Louti, Meyomessi dans le Dja et Lobo, Douala V, Douala IIe, les femmes sont aux commandes.

La loi sur la parité, pour bientôt ?

Le plaidoyer pour une loi sur la parité fait son chemin. A la faveur d’un point de presse tenu dans les salons de l’hôtel Akwa Palace le 13 juillet dernier, la Plate-forme « Ensemble pour la Parité », précisait le bien-fondé d’une loi sur la parité qui, « loin d’affaiblir la force politique que chaque parti représente, ne fera au contraire que l’amplifier grâce à la valeur multiplicatrice de la paire créatrice. Cette loi seule, permet d’avoir des chances réelles de passer de la proclamation du principe à son effectivité ». « La Parité ne doit pas être considérée comme un privilège accordé aux femmes mais plutôt comme une exigence incontournable basée sur le respect des droits humains et sur le principe de l’égalité des genres. Les postes décisionnels ne peuvent revenir qu’à celles et ceux qui ont su manifester le plus de conscience, de compétence, de savoir-faire et d’efficacité.».

L’espoir est donc permis, à condition que les têtes d’affiches citées plus haut, et l’effet du nombre (56 à l’Assemblée Nationale) puissent peser de tout leur poids pour faire passer l’avant-projet de loi instituant la parité absolue.

Emilienne N. Soué

Législatives et municipales 2013 : Jour d’élection à Nkolndongo

Après deux semaines de campagne âpre entre les différents partis politiques en lice lors des élections couplées municipales et législatives, les électeurs devaient choisir ce jour du 30 Septembre 2013 leurs représentants pour  les cinq prochaines années. Dans la quatrième circonscription de Yaoundé, tout était sous contrôle, à part les problèmes d’accessibilité aux édifices abritant les bureaux de vote qui ont paralysé la participation des personnes handicapés au scrutin.

Ce 30 septembre 2013, nous sommes à Nkolndongo, un quartier périphérique du centre-ville de Yaoundé, dans la quatrième circonscription. Il est 8 heures du matin. Les rues sont clairsemées, la circulation  pas du tout dense, les échoppes et ventes à emporter sont fermées conformément aux instructions édictées par le président de la République. Les rares commerçants récalcitrants, négligentsou tout simplement ignorants étaient vite rattrapés par les forces de l’ordre et enjoints  de s’exécuter sous peine de représailles. Les citoyens prévoyants avaient la veille fait le pied de grue devant les boulangeries pour s’approvisionner en pain et denrées de toutes sortes afin de s’éviter tout désagrément le jour –j.

9ème Législature: Un nouveau départ

L’hémicycle du Palais des verres de Ngoa-Ekélé a  abrité  le 29 octobre 2013, la session de plein droit des députés à l’Assemblée nationale. Conformément à la loi portant code électoral, cette rencontre était présidée par le doyen d’âge de la chambre basse. L’honorable EnowTanjong, élu de la circonscription électorale de la Manyu dans la région du Sud-Ouest, pour le compte du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), a eu l’insigne honneur de conduire les travaux jusqu’à l’élection du bureau définitif de l’Assemblée nationale. Car il est le plus âgé des députés de la 9ème législature. Ce militant du parti au pouvoir a été gouverneur des régions du Sud-ouest et du Nord – Ouest dans les années 1972. Avant d’être nommé directeur général de la défunte Bank of credit and commerce (Bcc), par décret présidentiel.
Les 180 députés issus de sept (7) partis qui siégent au Parlement avaient été officiellement reçus  à la faveur d’une cérémonie solennelle.Ce jour du 29 octobre,  dès 15 heures, l’esplanade de l’Assemblée nationale connaissait un afflux inhabituel de personnes.  L’honorable Enow Tanjong, député de la circonscription de la Manyu,  était assisté de ses plus jeunes collègues, les honorables Jua Banitou et Kwamba Solange.

Madame Navi Pillay : Des rencontres avec les diplomates et les Officiels

Au cours de sa visite, la haut commissaire  a enchaîné des entretiens avec les ambassadeurs des pays amis, mais surtout avec plusieurs officiels.

En tant qu’ancienne magistrate, Mme Navi Pillay avait probablement à cœur de rencontrer particulièrement les autorités en charge de l’application des normes juridiques et en particulier celles relatives aux droits de l’Homme. De fait, la haut-commissaire a rencontré, dès le 1er jour de sa visite, le ministre d’Etat, ministre de la Justice et garde des Sceaux, M. Laurent Esso au sein de son département. Au cours de cette rencontre qui a duré près de deux heures de temps, l’ancienne magistrate a eu également un long entretien avec les magistrats camerounais. Pas grand chose n’a pu filtrer de ces échanges, comme cela a également été le cas plutôt dans journée, lors de son entretien avec  le  ministre des Relations Extérieures (Minrex) S.E.M. Pierre Moukoko Mbonjo. En effet, en bon diplomate, le Minrex a été la première autorité  rencontrée officiellement par Mme Navi Pillay. Aux sortir de l’entrevue qui a duré près d’une heure de temps, le lundi 1er juillet 2013, au sein du département du Minrex, Mme Pillay a expliqué que : « étant donné que le ministre des Relations Extérieures qui était récemment à Genève pour présenter l’Examen Périodique Universel du Cameroun,  il était important pour moi de venir ici pour vous assurer de ce que mon organisation tient a assister le Cameroun pour l’implémentation des exhortations qui ont été prises ». Mais, le ministre des Relations Extérieures  n’a pas été le seul diplomate que la haut-commissaire a rencontré, il y en eu d’autres.

Interview : M. Paul Guy Hyomeni, Membre de la société civile (Réseau Camerounais des Organisations des Droits de l’Homme (Recodh))

«Nos attentes portaient sur des questions prioritaires, à l’instar de la ratification et la mise en œuvre des instruments internationaux des droits de l’homme»

Etes-vous satisfait de cette rencontre ?

Disons que c’était un honneur pour nous, organisations de la société civile, d’être reçus presque en premier lieu par Mme le haut-commissaire. Cela témoigne de l’importance qu’elle accorde à notre travail. Mais, il faut aussi se dire que, même sur le plan psychologique,  c’est important pour les organisations de la société civile de savoir  qu’une personnalité accorde de l’importance à leur travail. Il était question pour nous, de porter à son attention un certain nombre de sujets de préoccupation. Nous l’avons fait et nous osons croire qu’à la rencontre avec les autorités, elle va porter à leur attention ces sujets soumis.

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